Cette femme de 47 ans, mère de cinq enfants, avait vu son procès en appel constamment reporté ces derniers mois © DR
L’ACAT-France (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture) a lancé une campagne en vue de sauver la chrétienne pakistanaise Asia Bibi. Accusée d’avoir insulté le prophète Mahomet, cette mère de cinq enfants a été condamnée à la peine de mort en vertu d'une loi controversée sur le blasphème.
«Son seul espoir réside désormais dans la décision de la Cour suprême, ultime instance judiciaire du Pakistan, ou dans une grâce présidentielle», indique ACAT-France. L’organisation a mis en ligne sur son site une pétition adressée au président Mamnoon Hussain afin qu’il accorde sa grâce à Asia Bibi. Malala Yousafzai, la jeune Pakistanaise lauréate du prix Nobel de la paix 2014, a été sollicitée par la famille d’Asia Bibi afin de relayer la demande de grâce auprès du président.
Condamnée à la peine de mort par pendaison
Jeudi 16 octobre, la cour d’appel a rejeté l'appel d’Asia Bibi, condamnée à la peine de mort par pendaison, rappelle l’ACAT-France. En juin 2009, alors qu’elle travaillait aux champs, une dispute a éclaté autour de la religion entre des ouvrières agricoles musulmanes et Asia Bibi. Celle-ci a été arrêtée et accusée d’avoir insulté le prophète Mahomet.
Elle a été condamnée à mort en novembre 2010 en application des lois sur le blasphème. La loi pakistanaise sur le blasphème, accusée par les libéraux d'être instrumentalisée pour régler des conflits personnels mais défendue bec et ongles par les islamistes, prévoit la peine de mort pour les personnes dénigrant Mahomet.
Recours devant la Cour suprême
Cette femme de 47 ans, mère de cinq enfants, avait vu son procès en appel constamment reporté ces derniers mois, souligne l’ACAT. Lors de l’audience du 16 octobre, le tribunal a rejeté les arguments des avocats d’Asia Bibi faisant état de faux témoignages et de fabrication de fausses accusations. Ils vont présenter un recours devant la Cour suprême, dernière instance judiciaire au Pakistan.
Depuis la condamnation à mort d’Asia Bibi en 2010, cette affaire attise des vives tensions, au Pakistan comme à l’extérieur du pays. Un gouverneur et un ministre ont été assassinés après l’avoir publiquement défendue.
De nombreuses personnes ont ainsi été condamnées, mais la peine capitale n'a pas été exécutée depuis 2008, à l'exception d'un soldat condamné en cour martiale, le pays respectant un moratoire sur la peine de mort.