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lundi 20 avril 2015

Fribourg rêve de logements au-dessus de son autoroute


La couverture de ce tronçon de l’A12, à Fribourg, coûterait au moins 75 millions de francs. 
Image: JEAN-PAUL GUINNARD



Couvrir un tronçon autoroutier pour régler le problème des nuisances sonores et bâtir des logements au-dessus des voies de circulation. A Fribourg, on y croit. Plusieurs députés rêvent depuis des années d’une tranchée couverte de 620 m de long entre les jonctions nord et sud du chef-lieu. «Cinq hectares seraient ainsi constructibles, dans la continuité du tissu urbain et à proximité des transports publics, plaide Jean-Daniel Wicht (PLR). A l’heure où l’on exige une meilleure utilisation du sol, il ne faut pas rater cette opportunité. Si l’on ne fait rien, Berne va ériger des murs antibruit à la place (ndlr: pour respecter les normes légales). Ce serait une aberration!»

Le hic, c’est le prix. La facture s’élèverait, au bas mot, à 75 millions de francs, selon l’Office fédéral des routes (OFROU). Car cette solution, aussi séduisante qu’elle paraisse, s’avère «techniquement très compliquée», dit Guido Bielmann, son porte-parole. Principale contrainte: le trafic routier ne peut être interrompu durant les travaux, ce qui entraîne d’importants délais de planification et d’exécution. Des travaux d’autant plus délicats et onéreux qu’un mur de soutien doit être érigé sur la berme centrale afin de garantir la solidité de la structure.

Une ardoise qui gonfle

A Fribourg, la Confédération prendrait à sa charge une part équivalente à l’installation de parois antibruit, soit 33 millions. Resterait une ardoise de 42 millions à assumer par le Canton et les trois communes concernées (Fribourg, Granges-Paccot et Givisiez), voire des privés. «Il y a dix ans, cette part n’était que de 10 millions», s’étrangle Jean-Daniel Wicht. En cause: le renchérissement, une prévision plus large des imprévus sur le chantier, mais aussi un surcoût d’entretien et d’exploitation, calculé sur cinquante ans, de 13,5 millions de francs. «C’est n’importe quoi», estime le député, qui dirige par ail­leurs la Fédération fribourgeoise des entrepreneurs (FFE). Un avis que partage le Grand Conseil fribourgeois: le 17 mars, il a soutenu à l’unanimité une intervention demandant au Conseil d’Etat de relancer le processus.

Le contexte ne semble pourtant pas des plus favorables. Une étude réalisée l’an dernier sur mandat de l’Office fédéral du logement (OFL) écarte en effet le dossier fribourgeois de la liste des tronçons autoroutiers présentant un potentiel à des fins d’habitation. Alors même qu’il s’y prêterait à merveille du point de vue technique. La densité de construction nécessaire pour rentabiliser l’investissement serait en effet irréaliste, comme dans la majorité des cas analysés (lire ci-dessous). Mais, là encore, Jean-Daniel Wicht ne se laisse pas décourager: «L’OFL a pris pour seul paramètre le niveau des prix sur le marché immobilier fribourgeois, qui n’a rien à voir avec celui de Zurich. Il faut pousser la réflexion!»

Pour l’heure, un seul projet immobilier de ce type a été concrétisé en Suisse. En 2004, la caisse nationale d’assurance-accidents Suva a construit 93 appartements et 16 maisons individuelles à Altendorf (SZ), au-dessus de l’A3. La Commune schwytzoise, instigatrice de l’opération, y a en outre aménagé une zone sportive. La localité, qui compte aujourd’hui 6600 habitants, a ainsi pu s’étendre sans grignoter les terres situées en périphérie.

Investisseurs intéressés

La couverture de l’autoroute (sur 600 m) a coûté 37 millions de francs au début des années 2000: 70% à charge du Canton et de la Confédération, 30% à charge de la Commune. La Suva, qui a investi 45 millions pour bâtir les logements, paie depuis lors à la Commune un droit de superficie annuel de 15 francs par mètre carré. Soit 320 000 francs par an, somme en partie reversée au Canton pour contribuer à l’entretien du tunnel.

Cet exemple inspirera peut-être les Fribourgeois. Un groupe de travail, composé d’entrepreneurs et de députés, est désormais chargé de réétudier diverses variantes. Puis de les défendre à Berne. Jean-Daniel Wicht se réjouit des premières discussions: «On sent de l’intérêt de la part d’investisseurs privés.»