Antonino Crisà, Enrico Napoleone et Andrea Caruso (de g. à dr.) étaient hier de passage au Grand Conseil vaudois. © ARC/J.-B. Sieber
Le mouvement sarde «Canton Marittimo» est né il y a trois ans. Il revendique le rattachement de l’île italienne à la Confédération. Une délégation a rencontré mardi le président du Grand Conseil vaudois et rencontre les autorités avenchoises ce mercredi.
«Tout le monde pense que notre projet est bizarre, explique Antonino Crisà, laborantin de 22 ans établi à Lausanne. Mais si on ouvre un livre d’histoire…» «C’est plein de choses bizarres!», coupe Jacques Nicolet, le président du Grand Conseil vaudois.
Hier, Jacques Nicolet recevait une délégation du mouvement sarde «Canton Marittimo» dans le caveau des autorités vaudoises, au cœur de la Cité, à Lausanne. Ce mouvement né il y a trois ans revendique le rattachement de l’île italienne à la Confédération. Forte de 1,6 million d’habitants, la Sardaigne deviendrait un, deux ou trois cantons. Avec plus de 13'000 membres de son groupe Facebook, il ne fait pas de politique et se distingue de la douzaine de partis indépendantistes (qui totalisent 25% des voix aux élections) par le fait qu’il demande la sortie de l’île de la Sardaigne de l’Italie et de l’Union européenne.
Pour justifier ce qui passe pour une utopie, on invoque l’histoire. «Nous sommes Italiens presque par hasard», lance Enrico Napoleone. Jacques Nicolet, le président du Grand Conseil, vient d’exposer le fonctionnement du parlement cantonal. Les Sardes rappellent que l’île a été rattachée à l’Italie au XVIIIe après quatre siècles de domination espagnole.
Aujourd’hui, la Sardaigne (20% de chômeurs chez les jeunes) est liée au «système italien» qui ne marche pas, dont les politiciens sont «corrompus». Alors que la Suisse est la «nation la plus développée, la plus efficiente». Avec Andrea Caruso, commerçant de l’île, il évoque les partenariats possibles avec la Suisse, en matière de formation hôtelière, par exemple. Nous devons être «comme les Suisses, précis et travailleurs», surenchérit Antonino Crisà, qui veut fonder une association de soutien à Lausanne.
Les trois hommes étaient lundi à Hermance (GE) pour présenter leur vision. Ils seront aujourd’hui à Avenches, où le syndic Daniel Troillet leur a organisé une conférence de presse. «Nous ne les soutenons pas, mais j’aime les idées qu’on peut considérer comme farfelues», explique l’élu.
«Notre idée est vraiment sérieuse, précise Enrico Napoleone. Chaque étape que nous ferons est une graine que l’on sème, et qui finit par devenir un arbre», assure-t-il, plein d’espoir.
Jérôme Cachin