Tombouctou a souffert de l'invasion djihadiste. [AP Photo - Keystone]
Avec une contribution d'un million de francs, Berne est le principal bailleur de fonds de du programme de reconstruction des mausolées à Tombouctou, mis en œuvre par l'Unesco.
A ce jour, quatre mausolées détruits en 2012 par les djihadistes sont déjà reconstruits à l'identique en utilisant des techniques traditionnelles et avec l'implication des maçons locaux. «L'Unesco prévoit que les dix autres mausolées restant seront reconstruits avant fin juillet de cette année», a indiqué Marcel Stoessel, directeur-résident suppléant du Bureau de coopération suisse au Mali, confirmant une information de Radio France internationale (RFI).
Pendant l'occupation djihadiste, de mars 2012 à janvier 2013 dans le septentrion malien, une «atteinte grave» avait été portée au patrimoine culturel du pays, avec notamment la destruction de 14 mausolées inscrits au Patrimoine culturel mondial. Conformément à son mandat, l'Unesco a élaboré, avec les autorités maliennes, un programme de réhabilitation de ce patrimoine culturel endommagé.
C'est dans le cadre de ce programme global cofinancé par plusieurs bailleurs de fonds dont la Suisse et l'Union européenne (UE), que la reconstruction des mausolées a été entreprise.
Sous-financement
Outre l'appui à la réhabilitation des mausolées et des mosquées détruits, le programme porte également une attention particulière à la reconstruction des bibliothèques privées endommagées ainsi qu«à la sauvegarde et la valorisation des manuscrits anciens.
Le coût total du programme est de 11 millions de dollars (10,8 millions de francs). Il est encore sous-financé puisque les bailleurs de fonds n'ont donné jusqu'ici que 3 millions de dollars (2,9 millions), soit moins d'un tiers du financement. Il reste encore 8 millions de dollars (7,8 millions) à trouver. En plus de la Suisse et de l'UE, les autres bailleurs de fonds sont la Norvège, les Pays-Bas, Bahreïn, la Croatie, l'Ile Maurice et Andorre.
Emplois créés
Pour Lazare Eloundou Assomo, représentant de l'Unesco au Mali, le début de la restauration des mausolées est une «étape importante». «En les détruisant, on détruit l'histoire. On détruit la culture parce qu'on nie l'existence même de cette population de Tombouctou qui a toujours bâti son organisation autour de sa culture. Et la reconstruire, c'est lui redonner sa dignité et contribuer à la paix», a-t-il déclaré, selon RFI.
Les populations locales sont au cur des travaux de reconstruction des tombeaux des saints. Au total, 140 emplois ont pu être créés. Les matériaux de reconstruction et les crépissages sont conformes à l'original.
La ville de Tombouctou surnommée «la Cité des 333 saints» abrite la prestigieuse université coranique de Sankoré ainsi que d'autres medersa (écoles coraniques). Entre les XVe et XVIe siècles, Tombouctou était une capitale intellectuelle et spirituelle, ainsi qu«un centre de propagation de l'islam en Afrique. Ses trois grandes mosquées (Djingareyber, Sankoré et Sidi Yahia) témoignent de son âge d'or. Bien que restaurés au XVIe siècle, ces monuments sont aujourd'hui menacés par l'avancée du sable, rappelle l'Unesco.
ATS