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mardi 30 juin 2015

L’impensable n’est plus improbable en Suisse


(Keystone)



La Banque nationale suisse a multiplié les tentatives d’inventivité monétaire au cours de ces dernières années

Lors de l’une de ses dernières interventions devant les milieux d’affaires suisses en fin de semaine dernière, le gouverneur de la Banque nationale suisse (BNS), Thomas Jordan, a une nouvelle fois déclaré que «le franc suisse est considérablement surévalué». Une déclaration qui reflète l’état d’esprit général de l’institution, qui ne cesse de s’inquiéter du taux de change de la monnaie helvétique face à l’euro et au dollar, en s’abstenant toutefois de toute intervention.

Pour pallier ce problème de surévaluation, il serait cependant dommage de passer sous silence les tentatives d’inventivité monétaire de la Suisse au cours de ces dernières années. Et, notamment, la mise en place d’un taux plancher vis-à-vis de l’euro, encore impensable avant la crise financière mondiale. Une mesure qui a finalement perduré pendant près de trois ans et demi, mais dont le succès apparent n’a malheureusement pas pu dissimuler longtemps les nombreuses distorsions qu’elle provoquait ailleurs. Son abandon inopiné en janvier dernier a provoqué une onde de choc sur les marchés financiers, conduisant de nombreux investisseurs à s’interroger à propos de la crédibilité de la Banque nationale suisse.

Autre tentative perçue comme impensable, la Banque nationale suisse a opté pour une politique de taux négatifs. En agissant ainsi, l’institution a cherché à décourager l’entrée de flux de capitaux en taxant les épargnants.

Mais, malgré son activisme, la Suisse ne parvient pas à influer sensiblement à la baisse sur l’évolution de sa monnaie. Elle se retrouve dans la situation de toutes les économies de petite taille, étroitement dépendantes des exportations qui sont au­jour­d’hui soumises aux aléas des politiques monétaires non conventionnelles mises en œuvre par les grands pays développés. Un constat qui n’est pas sans rappeler les affres que connaissent aussi les pays émergents.

Bien sûr, la Banque nationale suisse pourrait baisser davantage son taux de dépôt négatif – qui se situe déjà à –0,75% – mais cela ferait peser un risque considérable sur l’ensemble du secteur financier. Elle pourrait également envisager l’introduction d’un contrôle des capitaux. Sur ce point, les expériences passées, au Chili au début des années 1990, ou plus récemment au Brésil, ne sont toutefois pas très concluantes.

A l’ère de la mondialisation et de l’interdépendance des économies, il n’existe pas de solution aisée et pleinement efficace pour gérer le taux de change, à moins de posséder une force de frappe telle que celle de la Fed ou de la Banque centrale européenne. Aujourd’hui, l’enjeu pour la Suisse est de passer le gros de la tempête, une tempête qui pourrait encore durer longtemps face au délai de normalisation de la politique monétaire dans la zone euro, qui ne devrait pas survenir avant fin 2016 – début 2017 dans le meilleur des cas. Des solutions encore impensables il y a peu, comme un contrôle des capitaux, pourraient alors faire partie de l’arsenal que déploiera la BNS pour limiter les externalités négatives des politiques de rachats d’actifs des grands pays.

Christopher Dembik
Economiste chez Saxo Banque (France)