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mercredi 8 juillet 2015

«Adieu Philippe, les Anges vont se régaler»


Hommage au grand chef étoilé Philippe Rochat 


Le monde de la gastronomie suisse pleure l’une de ses meilleure toques



Le Vaudois avait 61 ans. Il avait dirigé de 1996 à 2012 un des meilleurs restaurants de Suisse, l'Hôtel de Ville à Crissier.

Philippe Rochat est mort vers 09h30 alors qu'il faisait du vélo en compagnie de deux personnes, a indiqué Jean-Christophe Sauterel, porte-parole de la police vaudoise. "Les investigations sont en cours, mais il a vraisemblablement fait un malaise". Malgré l'intervention rapide des secours, il n'a pas pu être sauvé.

Philippe Rochat avait succédé fin 1996 à Frédy Girardet à l'Hôtel-de-Ville de Crissier, un chef qui lui avait enseigné la rigueur. Quinze ans plus tard, il avait transmis le flambeau à Benoît Violier. Le restaurant est auréolé de trois étoiles au Michelin et d'un 19 sur 20 au Gault et Millau. Frédy Girardet, 78 ans, accuse le coup «en seize ans, il n'a jamais eu un mot. Au travail, il était sérieux , de bonne humeur. Il avait beaucoup de passion pour son métier.

C'était un personnage charismatique». «Question cuisine, il était mon digne successeur. Il a continué dans la voie que je lui ai enseignée. Il a repris le restaurant avec passion et mis Crissier en valeur», «Ce sont des choses qui font du mal: voir partir quelqu'un que l'on a eu à son service, à qui on a remis son savoir. C'est la personne avec laquelle j'ai été le plus proche en cuisine. Nous avons passé seize ans ensemble». "C'est dur de voir qu'il s'en va si jeune"




Perfectionniste acharné, il a passé 32 ans à Crissier, comme employé d'abord, chef de cuisine, puis comme patron. Du 1er juillet 1980 au 31 mars 2012, rappelait-il en interview. Un travail prenant, dur parfois. Mais l'homme aimait se lancer des défis. "Ce fut une aventure extraordinaire aussi parce que c’était dur", disait-il.

"Il tenait à la présence des produits locaux dans sa cuisine", a dit Josef Zisyadis, fondateur de la Semaine du goût, dont Philippe Rochat a été le parrain. "Il avait un contact très personnel avec les producteurs. Sa porte était ouverte".

"C'était un homme entier de la Vallée de Joux, un Combier un peu têtu et volontaire. Il ne lâchait jamais rien et allait jusqu'au bout", se souvient son ami, l'entrepreneur horloger Jean-Claude Biver, un ami "de bouffe et de vélo". "Il est mort dans sa passion. Il a été enlevé d'un seul coup sans qu'il s'en rende compte".

«Un grand chef s'en est allé, a réagi Annick Jeanmairet, animatrice de l'émission «Pique-Assiette» sur la RTS. Pensées à toute l'équipe de Crissier, à son chef Benoît Violier et à tous les chefs qui ont appris à cuire et à assaisonner sous la houlette de Philippe Rochat.»

La vie ne l'avait pas épargné. Né en novembre 1953 au Sentier, il a perdu sa mère lorsqu'il était enfant. En 2002, son épouse, la marathonienne Franziska Rochat-Moser est décédée accidentellement emportée par une coulée de neige en montagne. Il avait retrouvé la sérénité auprès de l'ancienne fondeuse Laurence Rochat, sa compagne.

Gérard Rabaey, ancien chef du Pont-de-Brent, est sous le choc. "On était deux frères de coeur, on a beaucoup partagé", a-t-il témoigné mercredi. "Franziska et lui se sont mariés dans mon auberge en 1995", se souvient avec émotion le chef étoilé à la retraite. "Je le connais depuis 1978 quand il était employé à Crissier. On était beaucoup ensemble. On a fait énormément de vélo, visité les grandes tables du monde, les relais et châteaux. On était à l'époque les deux seuls trois étoiles de Suisse", raconte-t-il.

"Philippe part beaucoup trop tôt. Il a eu pas mal de malheurs dans sa vie. Depuis sa retraite, il y a trois ans, il avait moins de pression, il était tellement heureux", relate le cuisinier étoilé. "Et là, le monde s'écroule: il devait me téléphoner cette semaine pour qu'on aille manger ensemble avant son départ en vacances".

Respect des produits locaux et des saisons

Philippe Rochat a été, avec Frédy Girardet, le premier récipiendaire du Mérite cantonal vaudois. "Il a toujours eu à coeur le respect des saisons et des produits dans sa pratique de la gastronomie", a relevé le Conseil d'Etat vaudois qui a salué aussi "son attention permanente pour la formation".

Daniel Rossellat, patron du Paléo Festival et syndic de Nyon, a dit "la tristesse de perdre un ami": "Un drapeau noir flotte sur les casseroles génialement inspirées de Philippe Rochat", a-t-il écrit sur les réseaux sociaux.



Né le 29 novembre 1953 au Sentier (VD) dans la Vallée de Joux, Philippe Rochat était passionné de sport. 

Philippe Rochat avait fait son apprentissage de cuisinier au Buffet de la Gare de Romont, chez le père de Gérard Cavuscens, aujourd'hui patron de Chez Cavu, à Bussigny. «Il avait eu une enfance difficile, allant travailler chez le paysan avant d'aller à l'école et y retournant après les cours. 

Sa mère était morte quand il était très jeune. Et lui était un travailleur acharné. Mais aussi un type tellement fidèle en amitié.» C'est Gérard Cavuscens, avec qui il avait travaillé au Baur au Lac, à Zurich, qui l'a fait venir à Crissier en 1980. «Fredy Girardet voulait qu'il aille travailler chez son copain Stucky, à Bâle, mais Philippe voulait rentrer en Suisse romande.» 

Pour le cuisinier, cela lui rappelle des souvenirs puisque son frère jumeau est aussi mort en faisant du vélo il y a quarante ans. «Au moins, Philippe est parti en faisant ce qu'il adorait faire. Et j'ai un grosse pensée pour Laurence. C'est tellement dur pour ceux qui restent.» L'ancienne fondeuse Laurence Rochat était la compagne du chef vaudois.


Philippe Rochat révélait que son père lui avait dit: «ne fais pas de sport, c’est mauvais pour la santé!» C'est malheureusement à vélo qu'il s'en est allé.


«Adieu Philippe et encore merci pour ton extrême gentillesse. 
Les Anges vont se régaler !»

Egger Ph.