Chu de che / Je suis d'ici / Sono di qui / Ich bin von hier ! Notre liberté ne nous a pas été donnée, mais combattue et priée par nos ancêtres plus d'une fois! Aujourd'hui, comme autrefois, notre existence en tant que peuple libre dépend du fait que nous nous battions pour cela chaque jour. Restez inébranlable et soyez un gardien de la patrie pour que nous puissions remettre une Suisse libre telle que nous la connaissions à la génération suivante. Nous n'avons qu'une seule patrie!

mercredi 29 juillet 2015

Le drapeau au lieu du fitness


Le 1er Août, la Suisse s’arrache ses lanceurs de drapeau. A 84 ans, Maurice Bard sera encore sur le pont à deux reprises.



Trois cents lanceurs dans le pays et quelque 2300 communes à la recherche de démonstrations. Les chiffres suffisent à faire comprendre la pression qui, ce samedi, s’abattra sur les experts du maniement du drapeau.

Mais l’adrénaline de la représentation, Maurice Bard adore ça. A la retraite depuis bientôt vingt ans, cet ancien ouvrier de l’industrie du bois, à Bulle (FR), continue d’enchaîner les animations d’un marché à un autre, semaine après semaine. Un rythme particulièrement soutenu pour un homme de 84 ans. Heureusement, celui-ci ne lésine pas sur les efforts pour continuer à lancer ses drapeaux malgré le temps qui passe. Tous les matins, le Gruérien s’astreint à un régime sportif incluant abdos, vélo électrique et levers d’haltères de 4 kilos.

Un art découvert à 60 ans

Sa passion est née lors de son 60e anniversaire. «Mon frère m’a offert mon premier drapeau officiel de lanceur, se souvient Maurice Bard, fringant dans son bredzon. Quand j’ai vu l’emballage, j’ai pensé à une canne à pêche.» Enthousiasmé, il se mettra vite à travailler ses lancers, au prix de quelques déconvenues: «Lors de la première année, j’ai été ébloui et j’ai fermé les yeux. Il m’est tombé sur la tête, ça a fait sacrément mal.» Un mauvais moment qui aura l’avantage de le sensibiliser aux dangers de l’alcool: «Si tu vois trois drapeaux en l’air, tu attrapes lequel?»

Qu’on se rassure, son art lui procure surtout de bons moments depuis vingt-quatre ans. Parmi ceux-ci, des voyages aux quatre coins du monde qu’il n’aurait pas pu faire autrement, notamment. Le lanceur se souvient avec bonheur de 50 jeunes femmes qui, charmées par sa démonstration, lui couraient après, au Japon. «Il ne m’en fallait pourtant qu’une», rigole le Gruérien.

Ce samedi, pour le 1er Août, le retraité se rendra encore à deux événements. «A l’époque, j’en faisais trois, en commençant le matin dans un home, pour une bonne œuvre.» Mais le temps, impitoyable, l’a depuis conduit à se faire plus raisonnable. Au point d’arrêter certaines figures, trop physiques. C’est qu’il ne faudrait pas laisser tomber le drapeau. «Ah non, c’est pas bien», tranche Maurice Bard.

Plus prudent, l’alerte octogénaire n’en reste pas moins passionné. Actuellement, il s’attelle à préparer la relève, parmi laquelle se trouve un jeune de 16 ans. Une chance inestimable pour ces successeurs qui bénéficient de l’expérience d’un participant à cinq «fédérales» des yodleurs et à vingt «cantonales».

«Je fais aussi des anniversaires, des mariages et des enterrements. Mais, dans ce dernier cas, on garde le drapeau en main. Ça ne se fait pas de le lancer.» Un souci du sacré qui le conduit à assister de temps en temps à la messe du samedi soir, histoire d’être libre le dimanche matin.

Le 1er Août? Une folie douce

Secrétaire de l’Association romande des lanceurs de drapeau, Alain Meuwly est admiratif de la ténacité de Maurice Bard: «Normalement, on arrête vers 70 ans. On obtient de moins bonnes notes en concours et on est frustré.» La moyenne d’âge des pratiquants, d’ailleurs, est plutôt basse: entre 35 et 40 ans.

Pour ces performeurs, parfois «bookés» un an à l’avance, le 1er Août est presque autant synonyme de fête nationale que de folie douce: «Certaines communes font déjà appel à nous pour le 31 juillet. Puis, le jour même, on lance le drapeau à midi, en fin d’après-midi et encore à 22 ou 23 heures. Avec le manque de lumière, on a meilleur temps de trouver un bon projecteur…»