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lundi 10 août 2015

Cornemuse et chair de poule





 © Alain Wicht/La Liberté


 Cornemuse et chair de poule © Alain Wicht/La Liberté


© Alain Wicht/La Liberté



Créée il y a deux ans, l’association FRI-pipes compte huit joueurs de cornemuse. Rencontre avec des sonneurs qui se produiront aux Rencontres de folklore (RFI), le 21 août sur la scène principale du village des nations à la place Georges-Python.

Se retrouver parmi huit solides gaillards qui jouent de la cornemuse avec comme décor la cathédrale Saint-Nicolas et le pont de la Poya est un de ces moments qui vous hérissent les poils de bonheur. C’était un lundi soir et comme chaque début de semaine, les membres de FRI-pipes répétaient au centre-ville de Fribourg. Agés entre 18 et 50 ans, ces charmants messieurs sont des joueurs de cornemuse, appelés également sonneurs dans le jargon.

Un groupe fondé il y a deux ans et dont le but est de promouvoir la cornemuse, la culture écossaise et celtique dans le canton de Fribourg. Marc, Yann, Claude, Gilbert et les autres ne se connaissaient pas avant d’intégrer l’association. La passion pour l’instrument à vent les a réunis. Un certain sens de l’humour aussi.


 


Ils sont tous Fribourgeois. «Sauf un qui est Gruérien», expliquent-ils à l’unisson. Ils viennent d’horizons divers. Avocat, mécanicien, ramoneur, chauffeur de bus, ébéniste, ils sont tous tombés amoureux de la cornemuse à la suite d’un voyage ou en visionnant des vidéos sur internet. Tous ont eu un coup de cœur pour ces sons aussi particuliers qu’hypnotisants.

Attention au Sgian Dubh

«Quand j’ai commencé, trouver un professeur a été la galère! J’ai dû aller jusqu’à Chavornay, dans le canton de Vaud, pour prendre des cours», résume Frédéric, qui est devenu sonneur grâce à l’amour et au sport. «J’ai eu un accident de football et j’ai passé mon voyage de noces en Ecosse», ajoute celui qui est, dix ans plus tard, le plus expérimenté de l’équipe.

«Le plus vieux en expérience», préfère-t-il dire. Du coup, c’est lui le pipe major (pipe signifie en anglais cornemuse, ndlr.), le chef, celui qui donne le rythme et les accords. «S’accorder, c’est le plus difficile», poursuit le groupe, le seul du genre dans le canton de Fribourg, visiblement en totale harmonie.

A l’image de leur magnifique tartan vert fait sur mesure et commandé en Ecosse, assorti de chaussettes blanches en laine, d’une chemise blanche, d’un gilet et d’un seyant chapeau nommé Glengarry. Sans oublier une sacoche pour mettre une fiole de whisky, «of course». Il y a aussi le Sgian Dubh, le petit couteau que la tradition écossaise impose de glisser dans la chaussette. «Normalement, c’est une femme qui l’offre», indique Marc Stritt. Et le président de l’association d’ajouter: «Au début, nous ne voulions pas mettre le kilt, car nous ne souhaitions pas rentrer dans le moule. Mais comme tout le monde nous le demandait, nous avons fini par céder.»

Percussions recherchées

Une tenue que les pipers arborent avec fierté à de nombreuses reprises lors de fêtes privées, publiques et autres manifestations ainsi qu’animations dans des pubs, notamment. Ils ont ainsi enchanté le public, en juin, à la Fête de la musique et tout récemment au Basel Tattoo, le festival international de parades musicales qui a lieu à Bâle. Ils se produiront aussi à Fribourg, dans le cadre des Rencontres de folklore international (RFI), le 21 août sur la scène principale du village des nations à la place Georges-Python.

«On ne participe pas à des concours et championnats, enfin pas encore. Pour l’instant, on cherche à atteindre un bon niveau.» «Ouais, mais on pourrait participer, hein!?», s’exclame une voix vite étouffée par des fous rires, surtout lorsque Guillaume, lance: «On cherche des percussions si jamais!» L’appel est lancé.

Leur répertoire est varié, quoique fortement inspiré de la tradition écossaise, irlandaise et bretonne. Il paraît que l’on peut tout jouer avec une cornemuse. «Même du metal ou l’hymne national suisse. Les gens pensent que c’est toujours la même chose. Bon, on est quand même limité dans les notes, car il nous en manque deux», concluent-ils avant de rejouer une dernière fois ce soir-là devant la cathédrale et le pont de la Poya. Houlà, les frissons…







Comme un écureuil joufflu

Autant le dire immédiatement: avoir les cheveux vaguement roux ne vous prédispose pas à jouer de la cornemuse. Expérience faite, sortir un son, pour le néophyte, est un sacré challenge. On se sent comme un écureuil joufflu sur le point d’exploser. «C’est toujours frustrant au début. Mais vous y arriverez, enfin, dans quelques mois…», rassure, compatissant, Marc Stritt alors que les sonneurs de cornemuse membres de FRI-pipes se bidonnent et indiquent qu’en Ecosse, des enfants de huit ans y arrivent sans souci. Et le président de l’association, qui se charge également de donner des cours aux débutants, de préciser: «Nous avons actuellement quatre élèves. Ils commencent tous par la flûte.»

C’est que le magnifique instrument comporte en effet une flûte. Après s’être familiarisé aux rudiments de l’objet, l’apprenti sonneur peut enfin tester la cornemuse dans sa globalité. Et là, ça ne rigole pas. La maîtriser est une histoire de souffle. Tout ça à cause du sac appelé la poche. Recouverte d’une housse, elle est confectionnée en peau de mouton, de vachette ou en matière synthétique selon les modèles. Il paraît qu’à une époque, elle était aussi fabriquée à base de chien. Il faut la graisser régulièrement afin de garantir une bonne étanchéité. Le principe de fonctionnement est simple, l’air est insufflé dans la poche via le porte-vent (blowpipe). La poche est maintenue sous le bras qui la comprime et l’air est ainsi envoyé dans le chalumeau, qui est le tuyau mélodique de l’instrument. Percé de nombreux trous, il permet de changer de note. Il y a aussi trois bourdons, deux petits (ténor) et un gros (basse). «Les trois bourdons sont une caractéristique typique de la Grande Cornemuse d’Ecosse (Great Highland Bagpipe)», note Marc Stritt.

Accordés avant de jouer, ils émettent une note continue d’accompagnement destinée à soutenir la mélodie, que la flûte sert quant à elle à donner. Pendant l’exécution de ses sons, le musicien regonfle la poche et la replace en position initiale, puis recommence son mouvement de compression. Enfin, en théorie…

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Origines mystérieuses

D’où vient la cornemuse? Difficile d’obtenir des réponses précises. Les origines de l’instrument ne sont pas claires mais il semble qu’elles soient très lointaines. Une des parties qui compose la cornemuse, le chalumeau (voir ci-après) viendrait en effet d’Egypte. Des débris auraient été retrouvés dans des pyramides. Elle aurait ensuite été «exportée» par les Grecs, puis les Romains, qui l’auraient utilisée comme instrument de marche. Mais là encore, aucun document ni témoignage ne vient confirmer cette thèse. En Europe, les représentations de la cornemuse apparaissent à partir du XIIe siècle, entre autres sous forme de sculptures sur les édifices religieux.

Souvent résumée à l’Ecosse, qui l’a popularisée via les fanfares militaires, ou la Bretagne, la cornemuse est présente dans le monde entier que ce soit en Inde, en Russie ou en Scandinavie. Au total, il en existe une centaine de sortes.

STÉPHANIE SCHROETER