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samedi 12 septembre 2015

Vaud et Fribourg unis pour la Fête fédérale de lutte


Plus qu’Estavayer-le-Lac (FR), c’est l’ensemble de la Broye qui portera la culotte pour le grand rendez-vous de 2016.

La conseillère d’Etat vaudoise Béatrice Métraux et son homologue fribourgeois Jean-Pierre Siggen estiment qu’il est important que les autorités des deux cantons soutiennent cette manifestation.
Image: JEAN-PAUL GUINNARD


C’est bien connu, l’esprit sportif n’a pas de frontières, fussent-elles cantonales ou communales. La Fête fédérale de lutte et des jeux alpestres qui se déroulera à Estavayer-le-Lac (FR) du 26 au 28 août 2016 en fera la démonstration. Ses organisateurs misent sur l’intercantonalité pour assurer le bon déroulement de la manifestation. Main dans la main, la conseillère d’Etat Béatrice Métraux et son homologue fribourgeois Jean-Pierre Siggen ont évoqué, hier devant la presse, le cadre de l’organisation de ce qui est le plus grand événement sportif et populaire de Suisse, avec près de 250'000 visiteurs attendus en trois jours.

L’exemple d’Air14

Les organisateurs de la fête sont tous d’accord. Ils bénéficient de l’expérience d’une autre manifestation d’envergure qui s’est jouée dans la Broye dernièrement: le meeting aérien Air14. «A cette occasion, les acteurs de la région ont appris à travailler ensemble et ont mis en place toute une série de collaborations – notamment en ce qui concerne la sécurité – qui nous seront bénéfiques pour Estavayer2016», indique Christophe Chardonnens, préfet de la Broye fribourgeoise et membre du comité d’organisation.

Le site

Dans moins d’une année, les spectateurs qui se rendront à Estavayer-le-Lac pour assister aux festivités seront bien étonnés de constater que la manifestation se déroule sur l’aérodrome de Payerne, en Pays de Vaud. L’arène de 52'000 places où s’affronteront les lutteurs, le camping, les stands, tout sera installé sur sol payernois, Estavayer-le-Lac n’offrant pas de terrain assez grand pour accueillir l’événement. «En fait, la fête aura lieu à l’aérodrome militaire, donc sur territoire de la Confédération», précise Jean-Pierre Siggen. Le lieu où se déroulera la fête, dans le canton de Vaud ou de Fribourg, n’est pas bien important au final, comme l’indique son homologue vaudoise, Béatrice Métraux, avant d’ajouter. «Il est important que les autorités des deux cantons soutiennent cette manifestation qui met en valeur la Broye, cette région à part entière qui va au-delà des simples identités cantonales.»

La sécurité

Plusieurs défis attendent le comité d’organisation. Mais le plus gros sera sans doute la sécurité. Avec Air14, les deux cantons ont une expérience commune et récente de la gestion d’un grand événement. Les Vaudois en avaient assuré la conduite. En 2016, ce sera aux Fribourgeois d’assumer la planification de la sécurité. Leur reviendra notamment la tâche de mettre sur pied une cellule d’engagement commune où seront centralisés tous les appels d’urgence. «En ce qui concerne l’intervention sur le terrain, nous allons miser sur la mixité des patrouilles policières», détaille Alain Gorka, commandant de la gendarmerie vaudoise. Concrètement, la police travaillera par binômes, avec un agent fribourgeois et un vaudois. «Lorsqu’il s’agit de sécurité, les critères de cantonalité doivent être mis de côté pour faciliter le travail», ajoute son homologue fribourgeois, Philippe Allain. A noter que les policiers des deux cantons seront amenés à collaborer avec l’armée et la protection civile.

Le budget

Pour l’heure, seul le budget global de la manifestation est connu, soit 25 millions de francs, provenant notamment du sponsoring, de la billetterie ou encore de la restauration. «Il est trop tôt pour en connaître les détails et notamment la participation du Canton de Vaud», indique Martial Messeiller, porte-parole d’Estavayer2016. Les autorités cantonales fribourgeoises, quant à elles, ont d’ores et déjà assuré une aide financière de 800'000 francs.

La taxe sur le divertissement

Pour Air14, la taxe sur le divertissement avait permis à la Commune de Payerne de récolter plusieurs dizaines de milliers de francs. Et pour la Fête fédérale de lutte qui, organisée par Estavayer2016, se passe sur sol payernois? «D’un commun accord avec Payerne, c’est Estavayer qui l’encaissera. Elle sera ensuite reversée via la Coreb à divers projets régionaux», répond Albert Bachmann, président d’Estavayer2016.

«La lutte suisse est un sport qui se modernise»

Être à la tête de l'organisation de la Fête fédérale de lutte et des jeux alpestre, un milieu éminemment masculin, n'effraie pas Isabelle Emmenegger. «J’ai toujours évolué dans des milieux très masculins.»
Image: Jean-Paul Guinnard


Il y a encore dix ans, si on lui avait dit qu’en 2016 elle serait la première femme à diriger une Fête fédérale de lutte, Isabelle Emmenegger aurait gentiment souri. Pourtant, en 2012, c’est elle qui a été nommée à la tête de l’organisation du plus grand événement du sport suisse. Du 26 au 28 août 2016, ce sont en effet près de 250 000 visiteurs qui sont attendus à Estavayer-le-Lac (FR) pour assister aux compétitions de lutte à la culotte, de lancer de pierre et de hornuss. Un monde éminemment masculin qui n’intimide toutefois pas la jeune femme de 38 ans, née dans une famille d’agriculteurs lucernois. Après des études de droit à Fribourg, elle a notamment travaillé à l’Office fédéral du sport à Macolin, et a déjà participé à d’autres manifestations sportives d’envergure, comme l’Eurofoot en 2008. Un sport où ce sont les hommes là aussi qui portent plus volontiers la culotte.

Comment vous sentez-vous perçue en tant que femme dans ce milieu plutôt balèze?

Au début, ça a peut-être un peu surpris qu’une femme soit nommée à ce poste. A présent, je suis très bien intégrée. Il faut savoir aussi que j’ai toujours évolué dans des milieux très masculins. J’ai deux grands frères avec qui j’ai toujours joué à des jeux de garçon. Je n’ai jamais fait de lutte, mais j’ai touché un peu à tous les sports. Surtout au foot, que j’ai pratiqué pendant plusieurs années, notamment au sein de l’équipe de Cormondes (FR), en 1re ligue. Je ne pense pas avoir été choisie parce que je suis une femme. On m’a choisie pour mes compétences. Mais, en tant que femme, je pourrai peut-être apporter une autre vision que les hommes.

Quelle est la place aujourd’hui des femmes dans la lutte?

Vous savez, tout en continuant à mettre en avant les traditions helvétiques, la lutte suisse est un sport qui se modernise et qui se féminise aussi. Les femmes prennent de plus en plus leur place dans ce milieu. Même si les joutes d’Estavayer2016 sont réservées aux hommes, plusieurs associations de lutte féminine existent aujourd’hui en Suisse. Regardez le foot ou le hockey féminin. Il y a quelques années, personne n’en parlait. Mais, aujourd’hui, les choses ont changé. C’est la même chose pour la lutte.

Quelles sont vos tâches à la tête de cette Fête fédérale?

Le comité d’organisation, composé de près de 200 personnes, en majorité des bénévoles, travaille comme une petite entreprise. Le comité de pilotage présidé par Albert Bachmann s’occupe de tout ce qui est stratégie, et moi je me charge de tout le côté opérationnel. Concrètement, ça passe par l’infrastructure, les transports, le personnel, la communication, l’informatique, etc. Je dois avoir une vision générale du projet et m’assurer que tout avance comme il faut.

Vos objectifs?

La lutte suisse, tout comme le hornuss ou le lancer de pierre, sont des sports plutôt méconnus en Suisse romande. Mon souhait serait que la Fête fédérale de lutte et des jeux alpestres Estavayer2016 fasse le lien entre les deux régions et permette de populariser ces activités de ce côté-ci de la Sarine également. Mais j’ai l’impression que, depuis quelques années, l’intérêt pour ces sports se renforce en Romandie, notamment via les médias, qui en parlent de plus en plus.

Et à une année du coup d’envoi, quel est le plus gros défi qu’il vous reste à relever?

On a la chance de pouvoir bénéficier de l’expérience d’Air14, un autre grand événement qui a eu lieu dans la Broye. Maintenant, il nous faut surtout parvenir à maîtriser le budget, qui devrait tourner autour des 25 millions de francs, provenant notamment du sponsoring, de la billetterie ou encore de la gastronomie. Je dis toujours que le succès d’une manifestation dépend des dépenses, qu’il nous faut maîtriser. Car on a peu de prise sur les revenus. Le temps qu’il fera, par exemple, peut tout changer à ce niveau-là, et il est difficile de le prévoir.

La fête est organisée par Estavayer2016, mais aura lieu en grande partie à Payerne…

Plus qu’un projet uniquement fribourgeois ou staviacois, la Fête fédérale de lutte est un projet régional qui englobe tous les acteurs de la Broye, autant vaudois que fribourgeois. On veut d’ailleurs qu’ils soient tous intégrés à la fête d’une manière ou d’une autre.

Une touche de féminité

«Je suis fier que, pour la première fois, ce soit une femme qui ait été choisie pour diriger l’organisation de cet événement, à la base très masculin. C’est un beau challenge pour elle, mais également pour nous», se réjouit Albert Bachmann, le président du comité de pilotage de la Fête fédérale de lutte et des jeux alpestres Estavayer2016.

En 2012, il avait participé au vote qui avait permis d’élire Isabelle Emmenegger parmi d’autres candidats, tous masculins. «Nous l’avons choisie surtout pour ses compétences. Après, il est vrai qu’une touche de féminité dans un monde d’hommes est toujours bienvenue. Cela traduit une certaine évolution dans le milieu de la lutte, et je suis content que la Fête d’Estavayer2016 y contribue», poursuit-il.

La Fête fédérale de lutte et des jeux alpestres a lieu tous les trois ans dans un canton différent, et tous les quinze ans dans un canton romand. Après Nyon, en 2001, c’est au tour donc d’Estavayer-le-Lac (FR) de préparer la prochaine édition, qui aura lieu du 26 au 28 août 2016, aux abords de l’aérodrome de Payerne.