Ici c'est la Corse !
Plusieurs dizaines d'impacts de balles ont été relevés par les enquêteurs de la gendarmerie sur les façades des deux commerces voisins dans la rue Charles-de-Gaulle, dans le centre de Propriano. C'est le gérant de la boucherie qui a donné l'alerte vers 8h30.
Le procureur de la République à Ajaccio, Eric Bouillard, a déclaré sur place à l'AFP que «les dégâts sont minimes» et que «des témoins ont indiqué avoir entendu peu après 2h deux séries de tirs en rafale». Il s'agissait d'«armes automatiques tirant du 9 mm», a-t-il précisé. La boucherie avait déjà été la cible de tirs peu après son ouverture, en juin 2013.
Alors que le maire (PRG) de Propriano, Paul-Marie Bartoli, a dénoncé «le racisme le plus vil et le plus stupide», le procureur a souligné qu'«aucune piste n'est privilégiée et qu'il serait plutôt dangereux de donner une hypothèse privilégiée».
«Actes intolérables»
Le Premier ministre Manuel Valls a dénoncé des «actes intolérables», qui «imposent notre condamnation unanime». «La lutte contre le terrorisme vaut pour tous les actes de terrorisme» et le gouvernement entend «protéger tous les Français et condamner tous les actes racistes et antisémites», a souligné son porte-parole, Stéphane Le Foll.
M. Bouillard, selon lequel le gérant de la boucherie est «une personne sans histoire», a souligné que les enquêteurs «disposent de nombreuses pistes». «Mais, a-t-il ajouté, nous ne disposons d'aucune revendication et d'aucun lien avec une quelconque revendication communautaire ou avec un acte de terrorisme.»
Aucune inscription n'a en effet été retrouvée sur place, selon les premiers éléments de l'enquête confiée aux gendarmes de la brigade de Sartène et à la section de recherches de la gendarmerie. Un représentant du Conseil français du culte musulman (CFCM), Abdallah Zekri, a condamné ces tirs «avec force et demandé aux autorités de faire la lumière sur ces événements».
Pompiers agressés
Par ailleurs, trois hommes ont été interpellés mercredi à Ajaccio dans le cadre de l'enquête sur l'agression de pompiers et de policiers tombés dans un guet-apens le soir de Noël, dans le quartier des Jardins de l'Empereur, à forte population maghrébine.
Intervenant sur une fausse alerte incendie, le camion des pompiers avait été caillassé par plusieurs dizaines d'hommes cagoulés et armés de gourdins et de clubs de golf criant, selon les témoignages des sauveteurs, «Corses de merde, vous n'êtes pas chez vous!». Deux pompiers et un policier avaient été blessés.
Cinq hommes âgés de 16 à 25 ans avaient été placés en garde à vue lundi, dont trois ont depuis été relâchés sans charge retenue contre eux. Les deux autres devaient être présentés mercredi à une juge d'instruction d'Ajaccio. Le 25 décembre, plusieurs centaines de personnes avaient dénoncé ces violences devant la préfecture d'Ajaccio.
«Les Arabes, dehors»
Des manifestants s'étaient ensuite rendus aux Jardins de l'Empereur, quartier qui surplombe Ajaccio, et dans d'autres quartiers à forte population maghrébine, scandant pour certains «les Arabes, dehors». Des déprédations avaient été commises, sans faire de victime, notamment dans une petite salle de sport servant aussi de lieu de prière pour les musulmans.
Au total, au moins six personnes ont déjà été mises en examen depuis les événements pour leur implication présumée soit dans les actes de vandalisme du 24 décembre, soit dans l'agression des pompiers la nuit de Noël. Quelques actes antimusulmans ont été enregistrés depuis, notamment le dépôt d'une dépouille de sanglier devant une salle de prière musulmane, et des graffitis «les Arabes dehors» au bord des routes.
AFP