Chu de che / Je suis d'ici / Sono di qui / Ich bin von hier ! Notre liberté ne nous a pas été donnée, mais combattue et priée par nos ancêtres plus d'une fois! Aujourd'hui, comme autrefois, notre existence en tant que peuple libre dépend du fait que nous nous battions pour cela chaque jour. Restez inébranlable et soyez un gardien de la patrie pour que nous puissions remettre une Suisse libre telle que nous la connaissions à la génération suivante. Nous n'avons qu'une seule patrie!

mercredi 6 avril 2016

Bla-bla médiatique et remplissage du vide : notre français de chaque jour s’enlaidit…




On le sait, une langue, c’est vivant, et ça évolue en permanence. Mais ça peut également être parasité.

Ainsi, de nombreux signes d’appauvrissement du français parlé (et écrit) s’illustrent par des détournements de sens, des formules abêtissantes, des tics de langage simplistes, ce qui indique au fond une sorte de déculturation francophone.

On entend des expressions malheureuses étonnamment contagieuses dans le public, mais aussi dans les médias. Les fléchissements se signalent d’abord au niveau grammatical. Ainsi, la confusion ambiante des genres masculin et féminin atteint aussi l’usage des participes passés : même une personnalité de la communication n’hésite pas à dire à la télé : « les décisions que j’ai pris… ». Puis il y a les classiques, dans les commentaires de radio ou de tv, ou les articles de journaux : « La situation n’est pas prête de changer » au lieu de « n’est pas près de changer ». La serveuse au restaurant qui vous dit : « Je vous amène du pain… », alors qu’en réalité on « amène » une vache et on « apporte » un aliment.

Le pire, ce sont ces expressions quotidiennes, répétées ad nauseam dans les bureaux, les services de toutes sortes, face à un client : « pas de souci ! » L’infirmière, le livreur, l’employé de bureau, confrontés à un problème, tous veulent rassurer votre tranquillité mentale : « pas de souci ! »

Ces locutions nouvelles se répandent comme une épidémie dans la discussion ordinaire. Dans le même registre, les disciples du « on va dire » répètent la formule cinq fois par phrase.

Ca a commencé autour de 2007, et maintenant, cette expression mouton de panurge annonce tout et son contraire ; on ne se risque pas à énoncer quelque chose de fiable, tout étant devenu relatif et conventionnel ! Alors, « on va dire » que….

Il y a aussi l’expression omniprésente et fatigante « voilà ». Comme si le simple fait de la prononcer affirmait une évidence. Certaines personnes la casent à chaque recoin de phrase, elle peut même carrément remplacer un mot quand on est en panne de discours. « Elle m’a bien dit que voilà, elle ressent ceci ou cela… » On retrouve « voilà » dans tous les milieux, mais ce démonstratif creux a son site « banlieue » où, avec l’accent, elle joue un rôle magique dans certaines bouches. En fait, voilà devrait normalement refléter ce qui vient d’être dit, mais « voilà » vient remplacer « voici », plus approprié pour annoncer ce qui va être développé ensuite.

Certaines interviews négligées ne contiennent que des voilà, comme tout était si évident : « cette femme, voilà, a découvert que, voilà, son ami était voilà, un peu spécial, et voilà, elle décide de voilà, prendre une autre orientation » etc…Cette hésitante prise à témoin est éprouvante.

Puis il y a les reporters qui nous expliquent en direct une situation. Alors, dans ce cas, on a droit à un « effectivement » toutes les deux secondes. Pire que le redondant « car en effet » d’autrefois, le « effectivement » se veut objectif et explicatif. Et certains croient pouvoir vous convaincre par la méthode coué : « effectivement ».

Autre expression typiquement désagréable, et surtout prisée dans l’hexagone : « du coup »… C’est un véritable syllogisme qui compte sur votre acceptation immédiate. Avec « du coup », tout devient automatiquement légitime. C’est comme un raccourci dans un raisonnement. Mais c’est aussi une référence violente, car quel est le coup qui contraindra à admettre quelque chose instantanément ? En fin de compte, ce terme « du coup » remplace continuellement « de ce fait » ou « dès lors » ainsi que « par conséquent », tout de même plus élégants.

Il faut bien constater – évidemment sans juger personne – que l’espace d’une expression de pensée vraiment individualisée usant de toutes les nuances de la langue française se restreint jour après jour, au profit d’un volapük bizarre et passe-partout.

La contagion du bla-bla médiatique aidant et du remplissage d’un vide exténuant, nous voilà formatés à des locutions utilitaires et réduits à reproduire un vocabulaire de perroquet qui nous tire vers le bas.

© Abbé Alain René Arbez