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dimanche 19 juin 2016

Il y a 150 ans, l'éléphant de Morat était abattu


L'animal de cirque avait été tué d'un coup de canon en pleine ville. Retour sur cette histoire qui a fait le tour de la Suisse en 1866.

Le squelette du pachyderme est visible au Musée d'Histoire naturelle de Berne. 
(photo: Keystone)


L'éléphant est prudemment sorti de son enclos pour renifler l'appât. Un coup de canon a retenti et le colosse s'est écroulé. Le boulet a transpercé son corps avant d'aller fracasser l'escalier d'une auberge.

C'est ainsi qu'un chroniqueur local décrit le drame survenu le 28 juin 1866 à Morat (FR), qui a fait écho dans toute la Suisse. Cent cinquante ans plus tard, l'histoire n'a rien perdu de son aspect tragique et fascinant.

La venue de cirques ambulants était fréquente à l'époque. Mais Bell & Myers, un cirque américain, avait la particularité de proposer deux éléphants d'Asie, un mâle et une femelle.

Une foule de curieux se pressait le 27 juin pour voir arriver ces animaux exotiques, dont les pas soulevaient la poussière de la rue. Les éléphants s'aspergeaient avec l'eau de la fontaine, et douchaient aussi quelques spectateurs.

Imprévisible

L'unique représentation du soir affichait complet. Le public fut émerveillé par le numéro des éléphants, qui obéissaient au doigt et à l'oeil à leur dresseur («cornac»). Mais la journée du lendemain allait se révéler terrible.

Très agité durant la nuit, le mâle tuait son maître et quittait son enclos, détruisant tout sur son passage. Il a finalement été replacé dans son parc.

La nouvelle se répand comme une traînée de poudre et la population est terrifiée par le géant imprévisible. D'entente avec le directeur du cirque, le Conseil communal décide alors de tuer le pachyderme, dont la valeur se monte à 20'000 francs.

Les carabiniers encadrent le périmètre par mesure de sécurité. Le préfet prévient qu'une fusillade ne ferait qu'énerver la bête et redoubler sa fureur. Les autorités demandent donc à l'arsenal de Fribourg d'envoyer rapidement un canon et des munitions, qui sont livrés avant midi.

 Le boulet est conservé au Musée de Morat 


Squelette à Berne

Après la mort de l'éléphant, sa dépouille est restée un jour sur place. Le lendemain, deux bouchers l'ont découpée et la viande a été vendue à la population au prix de 20 centimes la livre.

Les Moratois ont souhaité un pavillon pour y placer l'éléphant. Mais l'empaillage leur a coûté si cher qu'ils n'avaient plus assez d'argent. L'animal a finalement été transféré à Berne.

Si la bête empaillée a depuis disparu, le squelette du pachyderme est visible au Musée d'Histoire naturelle de Berne. Pour commémorer les 150 ans de l'événement, l'institution expose aussi l'oeuvre «Plan für ein Elefantengrab» (Plan pour une tombe d'éléphant), du plasticien bernois Bernhard Luginbühl qui était fasciné par cette histoire.

Morat détient pour sa part le fameux boulet de canon. Et dès le 25 juin, la ville accueillera un grand éléphant de métal et de bois, réalisé par l'artiste Beat Breitenstein.

Périodes de musth

Le cas de Morat n'est pas unique. D'autres éléphants agités avaient été exécutés auparavant à Genève, à Londres ou encore à Venise. A l'époque, on ignorait pourquoi cet animal pouvait devenir subitement agressif.

Dès 15 ans, un éléphant peut connaître des périodes de musth, a expliqué récemment le vétérinaire Heini Hofmann. Cet état est reconnaissable à une sécrétion de la glande située entre l'il et l'oreille. Il se caractérise par un comportement agressif et s'accompagne d'un taux élevé de testostérone.

Des mesures de sécurité peuvent être prises avant l'apparition du musth. Pourtant, des drames se produisent encore régulièrement: en février, un touriste écossais a été tué par un pachyderme en Thaïlande.

Certaines ONG dénoncent aussi un système délétère: pression financière sur les cornacs, dresseurs mal formés et épuisés, éléphants surexploités et maltraités.

ATS