Chu de che / Je suis d'ici / Sono di qui / Ich bin von hier ! Notre liberté ne nous a pas été donnée, mais combattue et priée par nos ancêtres plus d'une fois! Aujourd'hui, comme autrefois, notre existence en tant que peuple libre dépend du fait que nous nous battions pour cela chaque jour. Restez inébranlable et soyez un gardien de la patrie pour que nous puissions remettre une Suisse libre telle que nous la connaissions à la génération suivante. Nous n'avons qu'une seule patrie!

mardi 6 décembre 2016

L'éclatement du Parti socialiste, symbole de la guerre des egos


Les anciens barons de la Hollandie fourbissent leurs armes. Après s'être couvert de cendres hypocrites, Manuel Valls a officialisé sa candidature à la primaire de la gauche, rejoignant Montebourg et leurs camarades dans une lice déjà pleine de poussière et de sueur. Macron s'apprête quant à lui à jouer le tout pour le tout en se présentant sous sa propre bannière au premier tour de la présidentielle, avec pour devise audentes Fortuna juvat. Observant le tournoi qui commence, on peut se demander quelle cause exactement servent ces personnalités bouillonnantes, hormis leurs ambitions respectives. On peut s'interroger sur leurs idées, sur leurs projets, et, au-delà, sur le programme d'une gauche de gouvernement qui pourrait bien être condamnée à n'exister plus que dans l'opposition.

De toute évidence, la droite et le centre ont quelques longueurs d'avance dans ce domaine. En désignant François Fillon pour être leur candidat en 2017, les électeurs de la primaire n'ont pas seulement choisi une forme d'incarnation du pouvoir, correspondant à l'idée que l'on peut se faire du "bon président" (serein dans l'exercice des responsabilités publiques, respectueux des institutions, probe sur le plan personnel et porteur d'une vision pour la France). Ils ont également plébiscité un projet puissant, construit sur les logiques complémentaires de la réforme de l'État et de la libération de l'économie. Et ce faisant, ils ont posé les termes du débat pour la campagne à venir.

Point de cela sur les ruines du Parti socialiste, où le combat est essentiellement d'egos. Manuel Valls, Arnaud Montebourg et Emmanuel Macron, pour prendre les figures les plus emblématiques d'une tendance assez nette à l'hypertrophie du "moi", paraissent obnubilés par d'autres desseins que de servir seulement la France ou même la gauche, quelle que soit par ailleurs leur sincérité en la matière. Certes, pour meubler les discours, l'un nous raconte l'histoire d'un rassemblement improbable car dépourvu de ligne politique, l'autre, celle d'un made in France en marinière pour couvertures de magazines, le troisième, celle d'un progrès évanescent au point de devenir ectoplasmique. Mais derrière les mots pour l'instant dépourvus de contenu programmatique vient immédiatement l'arrière-goût d'une ambition longtemps gardée en bouche.

Face à ce spectacle où chacun se proclame le héraut d'un camp dont on peine à discerner les contours (la "gauche", les "progressistes"), on est tenté de tirer deux conclusions provisoires, cela va de soi:

Premièrement, que le socialisme a perdu, tout au long du quinquennat de François Hollande, la plus grande partie de sa substance idéologique;

Deuxièmement, que les successeurs putatifs du président renonçant, qui aura soin de n'instituer aucun légataire universel, ni parmi les Brutus, ni parmi les Pompée, sont trop occupés de comparer leurs cimiers pour se mettre en œuvre de reconstituer l'héritage.

À les voir ainsi tournoyer, on en oublierait presque la vocation de la politique, qui n'est pas de servir tel ou tel intérêt individuel, mais de tendre ensemble vers le bien commun.

Alphée Roche-Noël