Les jeunes Suisses sont les meilleurs d'Europe en mathématiques. Selon l'étude PISA 2015, leur niveau est également au-dessus de la moyenne dans les sciences, indiquent mardi les autorités.
En Suisse, 6600 jeunes de 15 ans ont participé à cette enquête de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) menée pour la première fois sur ordinateur, indiquent mardi la Conférence des directeurs cantonaux de l'éducation et le Département fédéral de l'économie, de la formation et de la recherche.
Selon le rapport de l'OCDE, les résultats de la Suisse peuvent être qualifiés de stables dans les trois domaines testés: mathématiques, sciences et lecture.
En mathématiques, les Suisses de 15 ans obtiennent en 2015 le meilleur score moyen d'Europe. L'Estonie est le seul pays européen à présenter une moyenne comparable, tous les autres ayant obtenu des scores significativement plus bas.
Moyenne comparable à l'Allemagne en sciences
En sciences, thème principal de PISA 2015, la moyenne suisse est également au-dessus de celle des pays l'OCDE. Elle est comparable à celle de l'Allemagne, tandis que les autres pays limitrophes (Autriche, Italie et France) présentent des scores significativement plus bas.
En lecture, le niveau des Suisses est proche de la moyenne de l'OCDE, comparable au niveau de l'Autriche, l'Italie et la France. Les jeunes Allemands présentent toutefois des résultats plus élevés.
Résultats moyens des jeunes Suisses, en comparaison avec les jeunes Français.
[Enquête PISA - OCDE]
Si la Suisse occupe un bon niveau sur le plan européen, ce sont les pays asiatiques qui tiennent le haut du classement mondial. Première européenne en maths, la Suisse n'est que huitième mondiale.
Singapour en tête du classement mondial
C'est ainsi Singapour qui caracole en tête de l'enquête PISA 2015. A Singapour, les enseignants "sont évalués régulièrement, ont accès à de la formation continue et ont une formation initiale très développée", explique mardi Eric Charbonnier, spécialiste de l'éducation à l'OCDE.
A noter également, un recul de la Finlande, longtemps considérée comme un modèle, en raison d'une moindre proportion d'élèves très performants par rapport à 2006.
L'étude PISA, pour Programme international pour le suivi des acquis des élèves, évalue tous les trois ans depuis 2003 des élèves de 15 ans dans les pays de l'OCDE.
Des différences filles-garçons
PISA évalue aussi les compétences en sciences selon les genres et constate que «l’écart de performance entre les sexes tend à être faible», cette matière représente même celle où les écarts de performance entre les filles et les garçons sont les plus faibles. Néanmoins, «dans 33 pays et économies, le pourcentage d’élèves très performants en sciences est plus élevé chez les garçons que chez les filles. La Finlande est le seul pays où les filles sont plus susceptibles d’être très performantes que les garçons.»
La différence entre les genres se marque davantage sur le choix des professions. Certes dans les pays de l’OCDE, 25% des garçons et 24% des filles indiquent qu’ils envisagent d’exercer un métier scientifique, mais les filles aspirent plus à exercer une profession en rapport avec la santé ou la biologie, tandis que, dans la quasi-totalité des pays, les garçons s’imaginent plutôt informaticiens, scientifiques ou ingénieurs.
L’influence des parents
Contrairement au sexe, le milieu socio-économique et l’origine des élèves jouent un rôle important dans la réussite et les difficultés en sciences. «En moyenne, dans les pays de l’OCDE, les élèves défavorisés sont près de trois fois plus susceptibles que leurs pairs favorisés de ne pas atteindre le seuil de compétence en sciences. Toutefois, environ 29% des élèves défavorisés sont considérés comme résilients: ils déjouent les pronostics et obtiennent des scores élevés en sciences», montre l’enquête. Par ailleurs, «les élèves issus de l’immigration sont plus de deux fois plus susceptibles que leurs pairs autochtones d’obtenir des résultats inférieurs au seuil de compétence en sciences».
L’enquête PISA ne définit pas les compétences en sciences comme la seule connaissance des lois physiques et du tableau des éléments chimiques. Des savoirs scientifiques larges sont considérés comme «indispensables pour participer pleinement à la vie d’un monde de plus en plus façonné par la science et la technologie». Elles englobent des connaissances sur l’environnement, la biologie (migration des oiseaux, par exemple), la pêche durable, la formation des cratères ou la santé dans des conditions météorologiques extrêmes.
Fiche technique:
■ La première enquête PISA (Programme international pour le suivi des acquis des élèves) a été menée en 2000. Elle se concentre sur les compétences des élèves âgés de 15 ans arrivant au terme de leur scolarité obligatoire.
■ L’enquête mesure les compétences dans les trois matières scolaires clés que sont les sciences, les mathématiques et la compréhension de l’écrit (dont la lecture). S’y ajoute la résolution collaborative de problèmes.
■ Menée sous l’égide de l’OCDE, PISA est menée tous les trois ans.
■ La sixième étude, dont les résultats sont dévoilés ce 6 décembre, a été menée en 2015. Elle met l’accent sur les compétences scientifiques des élèves nés en 1999, soit les jeunes de 15 ans en fin de scolarité obligatoire, mais la compréhension de l’écrit et les maths ont également été testés.
■ Pour cette sixième édition, 540 000 élèves âgés de 15 ans ont passé des tests dans 72 pays.
La Suisse remet en cause la méthodologie
Selon Christoph Eymann, président de la Conférence des directeurs cantonaux de l'instruction publique (CDIP), le prélèvement et l'analyse des données de l'étude PISA ne permettent pas de comparer le score obtenu en 2015 avec celui de 2012, ni de le rapporter à ceux des 72 pays étudiés.
Pour la première fois, les tests ont été menés sous forme électronique. Or, contrairement aux épreuves rendues auparavant sur papier, la réalisation sur ordinateur ne permettait pas de revenir en arrière pour répondre à une question laissée de côté, ayant des effets "considérables", relève la CDIP.
Deuxième bémol, l'échantillon d'élèves suisses - sélectionné selon les critères internationaux - n'est pas représentatif de la population des jeunes de 15 ans. La proportion d'élèves allophones était de 10% plus élevée en 2015 qu'en 2012, une différence qui n'est pas confirmée par les statistiques nationales.
ATS