Amandine Thonnard, professeure de français, est l’une des trop nombreuses femmes victimes des agressions de rue. Alors qu’elle marchait dans les rues de Koekelberg (Belgique), un homme s’est approché d’elle et lui a touché les fesses. « En colère, perdue, humiliée, frustrée, faible et dépassée », elle a décidé d’écrire une lettre ouverte sur son profil Facebook qui a déjà été partagée plus de 8.000 fois.
"Cher Monsieur, – oui, comme tu peux le voir je continue à rester polie malgré tous les noms d'oiseaux qui me viennent en tête et j'en connais un paquet (je te l'ai dit, je suis prof de français) – aujourd'hui, je me suis sentie en colère, perdue, humiliée, frustrée, faible et dépassée, écrit-elle. Je suis arrivée en pleurs sur mon lieu de travail et j'ai été incapable de donner le seul cours de ma journée à mes élèves de 13 ans qui attendaient ce cours de latin depuis plusieurs jours parce que je leur avais vendu du rêve".
Très choquée mais soutenue par ses proches, Amandine Thonnard avoue avoir failli sombrer dans la position de victime. "Tu vois Monsieur, aujourd'hui, j'aurais pu rester victime, me morfondre, ne plus oser mettre ces belles bottes à talon préparées hier et que je me réjouissais de porter, j'aurais pu me sentir sale et humiliée, j'aurais pu décider de ne plus m'habiller qu'en sac à patates, écrit-elle. J'aurais pu. Mais c'était sans compter sur l'incroyable soutien de mon compagnon, de mes collègues et de mes proches qui ont eu les mots qu'il fallait, qui m'ont empêchée de culpabiliser et qui se sont chargés de sortir ces fameux noms d'oiseaux à ma place. Je te promets qu'ils étaient très beaux, expressifs et fleuris".
Comme une revanche après cette agression sexuelle, la jeune femme explique qu'elle sort de ce traumatisme "encore plus convaincue que jamais de l'importance de son cours sur le sexisme, l'exclusion et la dignité" donné à ses élèves. "Je témoignerai et je continuerai à éduquer mes élèves (désolée, encore un mot compliqué), à leur dire que non ce n'est pas normal, à leur parler du consentement, à les éveiller aux concepts de culture du viol, au respect de la personne humaine, au sexisme, au racisme, bref à toute ces choses qui ont manqué et qui manquent encore dans ta misérable vie", explique Amandine Thonnard qui a porté plainte à la police.
« Aujourd’hui Monsieur, tu as fait de moi une femme et une professeure encore plus convaincue que jamais de l’importance de mon cours sur le sexisme, l’exclusion et la dignité ».
La jeune femme n’hésite pas à dénoncer la lâcheté de son agresseur. « Vous vous êtes même fendus d’un large sourire narquois et grivois ton copain et toi. Sourire qui, au passage, s’est tout de suite envolé lorsque j’ai sorti mon téléphone et que je t’ai demandé de saluer la caméra, histoire qu’on ait quand même un chouette souvenir de ce moment. Envolé, c’est le terme puisque tu t’es aussitôt volatilisé en proie soudain à une irrésistible et puissante passion pour la course à pieds. Je suis sure qu’un jour, le « marathon koekelbergeois » sera une discipline olympique et nous nous souviendrons de toi avec émotions. Parce que courir comme ça à 50 ans, chapeau ! »
Son agresseur (un grand lâche), que l'on peut voir déguerpir sur la photo ci-dessus
Elle explique également comment elle a décidé de ne pas se sentir responsable des actes de son agresseur. « J’aurais pu rester victime, me morfondre, ne plus oser mettre ces belles bottes à talon préparées hier et que je me réjouissais de porter, j’aurais pu me sentir sale et humiliée, j’aurais pu décider de ne plus m’habiller qu’en sac à patates. J’aurais pu ».
Bravo Amandine ! Vous êtes une grande dame !
Philippe Egger