Malak al-Shehri
Malak al-Shehri, vous connaissez ? Sans doute pas puisque, à ma connaissance, la « grande » presse quotidienne n’en a pas parlé ; il faut se tourner vers l’étranger, et notamment le Daily Mail online, pour y lire l’histoire ahurissante de cette jeune Saoudienne.
Elle a publié sur Twitter une photo d’elle, lunettes de soleil, cheveux tombant sur les épaules, bottillons, vêtue d’un manteau trois-quarts d’où dépasse une jupe multicolore descendant à mi-mollet. On croise tous les jours des milliers de Malak dans les rues de nos villes. Pas de quoi fouetter un dromadaire, me direz-vous ? Vous avez tort !
La photo qui a ébranlé toute l'Arabie Saoudite
Car la scène se passe dans une rue de Riyad, capitale d’Arabie saoudite. Là-bas, le code vestimentaire féminin comporte obligatoirement – o-bli-ga-toi-re-ment – un voile masquant la plus grande partie de la tête et une abaya, cette robe islamique qui couvre le corps, du cou aux chevilles. Il n’en a pas fallu plus pour que certains Saoudiens s’échauffent. L’une des amies de Malak, à l’abri d’un faux nom par sécurité, a mis sur les réseaux les commentaires que cette photo a suscités : « Il faut qu’elle paie pour son crime. » « Tuez-la et jetez son corps aux chiens. » « Nous voulons du sang. » « Nous demandons l’emprisonnement de la rebelle. » Ah ! La religion de tolérance et de paix…
L’affaire a eu lieu en début de semaine passée. Aujourd’hui, on ne sait pas exactement ce qu’est devenue Malak. Citant le journal arabe Al Sharq, le Daily Mail annonce que la jeune femme a été arrêtée à la suite d’une plainte déposée par la police religieuse.
Malak al-Shehri
Elle risque l’exécution capitale
Chez nous, nos féministes en peau de lapin regardent ailleurs. Ainsi, et par exemple, l’association Osez le féminisme, porte-drapeau de cette lutte farouche des classes, constelle son site de « campagnes d’action », toutes vachement importantes : « Guide de la routarde », « Journées du matrimoine », « LesBieFamily », « À bas le concours Miss France » et plein d’autres trucs du même tabac. Sur Malak, pas une ligne !
Car, en Suisse, il semble que nous ayons l’indignation sélective. Tout dépend, en fait, de celui qui tient le manche du coutelas et là, comme dans les westerns, il y a les bons et les méchants.
Aujourd’hui, le méchant, c’est Poutine : Ukraine, Crimée, Syrie – beurk. Le bon, c’est l’Arabie saoudite. Alors, le Yémen en guerre ? C’est où, ça, le Yémen ? Malak ? C’est bien fait pour elle ! N’avait qu’à se saper comme tout le monde ! Hollande a même refilé la Légion d’honneur au prince héritier de ce royaume qui, dans les trois premiers mois de 2016, avait déjà décapité 70 personnes.
Yannik Chauvin