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mercredi 4 janvier 2017

Les jeux vidéo suisses en plein essor


La licence «Farming Simulator» rencontre un véritable succès depuis plusieurs années. (Photo: dr)


Longtemps marginal, le développement de jeux vidéo entièrement suisses prend de l'ampleur ces dernières années.

Avec un chiffre d'affaires de 226 millions de francs en 2015, selon les chiffres de la faîtière Swiss Interactive Entertainment Association , le marché global des jeux vidéo s'avère toujours plus lucratif en Suisse.

Les ventes de jeux développés en Suisse sont quant à elles évaluées à 50 millions de francs par an, en croissance constante, précise Matthias Sala, président de l'Association des développeurs suisses (SGDA). Ce dernier estime à environ 50 le nombre de jeux publiés par an.

Pendant longtemps, la scène suisse est pourtant restée marginale, en raison d'un marché domestique insuffisant et d'une concurrence internationale extrêmement compétitive. «La Suisse a peut-être pris le train en marche un peu tard par rapport à des pays comme la France ou le Canada, qui ont des studios installés depuis des dizaines d'années», confirme le vice-président de la SIEA Nicolas Akladios.

La branche croît toutefois de manière continue et le contexte actuel de forte numérisation accroît les synergies potentielles avec des disciplines voisines où les compétences des développeurs sont nécessaires, précise M. Sala. En outre, de plus en plus d'écoles proposent des formations spécialisées et les salons autour du jeu vidéo sont en hausse chaque année.

Peu en vivent entièrement

A l'heure actuelle, il existe environ 70 structures en Suisse, dont environ 75% se trouvent en Suisse alémanique, 20% en Suisse romande et 5% au Tessin, indique Matthias Sala. Le canton de Zurich et l'Arc lémanique abritent la majorité de ces studios.

Encore peu d'entre eux - peut-être une dizaine - peuvent se consacrer entièrement aux jeux vidéo, mais l'engouement est croissant et de nouvelles structures ambitieuses apparaissent constamment, explique Michel Vust, responsable du programme culture numérique au sein de Pro Helvetia, la Fondation suisse pour la culture.

Un boom que confirme Gabriel Sonderegger, cofondateur du studio Sunnyside Games, basé à Lausanne. «Nous vivons un début d'âge d'or du jeu vidéo en Suisse romande, avec de nombreux studios ouvrant leurs portes, des projets qui voient le jour et de jolis succès romands».

Pour expliquer ce dynamisme, le jeune développeur souligne qu'étant situés dans un pays où le jeu vidéo est encore très peu représenté, les développeurs suisses bénéficient d'un espace médiatique peu saturé et très intéressant.

Un environnement sain

En plus de cela, les jeunes pousses suisses sont dans une logique d'entraide très intéressante et saine, ce qui crée une sorte de «gaming valley» dynamique, relève encore M. Sonderegger. Par ailleurs, des aides gouvernementales commencent à prendre forme, ce qui aide à la création de nouveaux studios.

Pro Helvetia consacre par exemple depuis 2010 une aide financière d'environ 400'000 francs par an à la branche et a soutenu la production d'une vingtaine de jeux par le biais de trois appels à projets. Ceux-ci ont permis de financer des prototypes, mais aussi d'accompagner leurs créateurs par du «coaching» ou l'organisation d'ateliers.

La fondation met également l'accent sur la promotion internationale, notamment grâce à l'organisation de pavillons suisses dans de grands événements de la branche, comme la Gamescom à Cologne ou la Game Developers Conference à San Francisco, où 20 studios suisses sont attendus cette année, contre encore 3 ou 4 en 2012.

Selon Michel Vust, la Suisse a une vraie carte à jouer dans le domaine du jeu vidéo. Elle dispose de bonnes écoles d'art, d'excellentes formations technologiques, d'une forte tradition en design et de chercheurs innovants, ce qui débouche souvent sur des jeux originaux, basés sur des concepts forts.

Productions de niche

Dans cet écosystème favorable mais encore embryonnaire, les productions suisses suisses sont encore souvent indépendantes, plutôt modestes et contraintes à se focaliser sur des marchés de niche. Seule la licence «Farming Simulator», du studio zurichois Giants Software fait exception, avec plusieurs millions d'exemplaires vendus.

Souvent, les studios suisses doivent se financer par leurs propres moyens, grâce au financement participatif, ou par la vente de leurs jeux, ce qui n'empêche pas de beaux succès, à l'instar de «The Firm» de Sunnyside Games, sorti en août 2014. Avec environ 500'000 téléchargements, cette production indépendante a rapporté un peu plus de 250'000 francs.

Ce jeu, qui propose d'incarner un trader obsédé par l'appât du gain, a bien fonctionné, car il traitait d'une thématique contemporaine dans un contexte de crise financière, explique Gabriel Sonderegger. Grâce à ce succès, toute l'équipe, de 5 à 6 personnes, peut vivre de cette activité à plein temps et a pu préparer un nouveau jeu encore plus ambitieux, Towaga, sorti récemment.

ATS