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samedi 18 février 2017

Faut-il crier aux loups ?


L’animal solitaire aperçu à Bulle, à Broc et à Charmey a disparu sans attaquer. C’est un couple installé dans la région depuis l’été qui a avalé un cerf le week-end dernier.



Le loup solitaire filmé par un lecteur de La Liberté


«F13» et «M64» sont-ils les heureux géniteurs du loup qui a prestement déambulé dans un quartier de Bulle dimanche 5 février et a été photographié par un garde-faune à Broc le mardi 7? Impossible, selon les spécialistes des grands prédateurs. «La période annuelle de rut, c’est février-mars. Et elle ne dure que deux ou trois jours. Le couple s’est formé en juin. Et ce mâle non identifié a entre 10 et 12 mois», explique Marc Mettraux, chef du secteur Faune, biodiversité, chasse et pêche au Service des forêts et de la faune de Fribourg (SFF). Il s’agit vraisemblablement d’un loup gris subadulte, autrement dit adolescent. Son identification est en cours. Les analyses diront si ce loup solitaire est déjà recensé ou pas.

 Le couple de loups (ici «F13» ou «M64») s'est attaqué à un cerf.


Le couple de loups s'est attaqué à un cerf


Crise d’adolescence

«Il vient peut-être d’Italie ou du Valais. Il est bien portant, pas affamé. Pas de crainte pour les animaux de rente, qui sortent peu en ce moment. En période de reproduction, les subadultes quittent le nid familial en quête de nouveaux horizons, poursuit Marc Mettraux. Un loup ne représente aucun danger pour l’être humain, à moins qu’il ne se retrouve coincé. Il est plus peureux que nous. Il urine pour délimiter son territoire. Il pose vraiment la borne, au contraire d’un chien qui lève la patte sur chaque poteau.» Qu’arrivera-t-il s’il tombe sur ses deux congénères, pas très éloignés à vol d’oiseau – un loup parcourt environ 20 km par jour – et installés avant lui? «Il sera chassé.»

La dernière fois qu’il a été vu, c’est samedi matin à 8 h dans la vallée du Javro, au-dessus de Charmey, avant de prendre la direction du Lac-Noir. D’abord par des randonneurs puis par les propriétaires de la Ferme des Précornes. «Il était à 20-30 m de nous. Un beau spécimen. Il n’était pas sauvage du tout. Il s’est couché, il nous a regardés et il est parti», raconte Michèle Schuwey. «Je venais de livrer mon lait. Ma femme m’a appelé, confie Gebahrd, son époux. Le loup avait coupé la route à un automobiliste qui a planté sur les freins. On l’a suivi un moment. Il montait vers la forêt des Reposoirs. Il s’y est enfoncé.» Quelques heures plus tard, alerté, le Service de la faune retrouve des crottes et des empreintes de pattes qui ne laissent aucun doute.

Cet après-midi-là, les experts n’en ont pas terminé. Deux amateurs de la faune sauvage signalent un cerf dépecé dans la vallée de Jaun. «F13» et «M64» ont sévi. La carcasse est retrouvée à Im Fang, entre Charmey et le col du Jaun. «Il est certain que c’est le couple. Un seul loup ne peut pas y arriver. Il visera plutôt des chevreuils ou des chamois. Le mâle et la femelle n’étaient pas loin de nous, alors que nous étions sur place. Jusqu’ici, ces deux bêtes ont fait très peu de dégâts», précise encore le patron de la faune. «Ils évoluent dans les Préalpes fribourgeoises, vaudoises et bernoises.»

Pas une menace

«Un loup ne représente aucun danger pour l'être humain, à moins qu'il ne se retrouve coincé.» 
Marc Mettraux, chef de secteur au Service des forêts et de la faune


Ces trois loups représentent-ils une menace pour les populations alentour? «Non. Ce sont des animaux sauvages et créatifs. Ils ne se confrontent pas à l’homme», conclut le spécialiste du SFF.

Du côté des autorités communales, le syndic de Charmey, Yves Page, ne s’angoisse pas pour l’instant: «Un loup, il n’y a pas de danger. Je fais confiance aux professionnels de la faune. S’il devait y avoir une meute, là, des mesures seraient évidemment prises. Il y a des enfants qui vont à l’école, des fermes retirées.» À Bulle, même si le passage de l’animal solitaire en zone urbaine est vendu comme une première suisse, son homologue Jacques Morand est à mille lieues de toute psychose: «C’était surprenant en ville, mais ce ne serait pas la première fois. Les gens sourient plutôt. Personne ne s’est plaint ou ne m’a dit qu’il avait peur. C’est presque devenu une boutade. Le taureau (ndlr: emblème de la ville) ne va pas se laisser manger par le loup.»