Chu de che / Je suis d'ici / Sono di qui / Ich bin von hier ! Notre liberté ne nous a pas été donnée, mais combattue et priée par nos ancêtres plus d'une fois! Aujourd'hui, comme autrefois, notre existence en tant que peuple libre dépend du fait que nous nous battions pour cela chaque jour. Restez inébranlable et soyez un gardien de la patrie pour que nous puissions remettre une Suisse libre telle que nous la connaissions à la génération suivante. Nous n'avons qu'une seule patrie!

mercredi 29 mars 2017

La gauche française: se diviser pour mieux régner


La gauche n’a toujours pas épuisé les ressources de son sac à malices. On la disait morte et enterrée, abhorrée par des Français dégoûtés par cinq années de désordre hollandiste. Elle est pourtant bien vivante. Et même mieux : ragaillardie ! Mais par quel miracle parvient-elle à renaître de ses cendres quand le Parti socialiste, son navire amiral, est en train de sombrer ? Ne serait-ce qu’un « moment » de la campagne, comme il y eut précédemment des moments Bayrou et des moments Chevènement ?

La première ruse de la gauche est de savoir se diviser pour mieux régner plus tard. Ayant fait le deuil du Parti socialiste, et consciente des contradictions idéologiques qui la traversent, la gauche s’est atomisée en trois blocs bien distincts ; se délestant, sans coup férir, des poids morts qu’étaient devenus le Parti communiste et Europe Écologie Les Verts. Premier membre du trio : Jean-Luc Mélenchon, qui a endossé le rôle de la gauche « révolutionnaire », populaire et plus traditionnelle. Il lui arrive même de parler de nation… À lui de convaincre les rieurs, les classes « dangereuses » tentées par Marine Le Pen, les éclopés du système et tout le cortège de nervis qu’on voit régulièrement défiler dans les rues de Rennes ou de Toulouse.

En sidekick, Benoît Hamon joue les voitures-balais de la bobosphère gaucho-tiers-mondiste, défenseur de la voilée et de l’orpheline. Il sait pouvoir compter sur un petit pécule : les socialistes acharnés qui ne changeront jamais de parti ; une grande partie des Français de confession musulmane les plus communautaristes ; quelques intellos des grandes villes… Bref, l’électorat de la deuxième gauche réduit à sa plus simple expression.

Vous me direz que cela ne sera pas suffisant pour gagner. Vous aurez raison.

C’est là qu’intervient le Bel-Ami de la banque Rothschild : Emmanuel Macron. Au contraire des deux autres, l’ancien conseiller de François Hollande doit tout faire pour ne pas être assimilé aux marqueurs traditionnels de la gauche. Pour faire bonne mesure, il a même interdit à Manuel Valls de se rallier à lui ! Sidérant. Pris d’un coup de folie pleinement maîtrisé, le mari de Brigitte a même déclaré, dans une phrase à plusieurs niveaux de lecture : « Nous n’avons pas besoin de la gauche de 1981 ni de la droite de 1934. » On pourrait se dire, à première vue, qu’il a commis une erreur fatale vis-à-vis des électeurs de gauche, nostalgiques de François Mitterrand. Nenni !

Au premier tour, Emmanuel Macron n’a qu’un objectif : semer la confusion autour de son positionnement politique pour que sa candidature finisse par fédérer les libéraux et les progressistes de tous horizons. De la sorte, le total du bloc de gauche pourrait être gonflé artificiellement par des électeurs de droite trompés par le populisme postmoderne d’Emmanuel Macron ; lequel surfe sur le « dégagisme » ambiant, ne manquant jamais d’affirmer qu’il faut renouveler la classe politique. Tous pourris ; Emmanuel gentil.

Feignant les oppositions irréversibles lors des débats, les trois comparses, qui ont tous été un jour membres du Parti socialiste, finiront immanquablement par se réunir au second tour si l’un d’entre eux y parvient. C’est là la grande force de la stratégie de la gauche. En politique comme ailleurs, rien ne se perd et tout se transforme…

Gabriel Robin
Juriste