Chu de che / Je suis d'ici / Sono di qui / Ich bin von hier ! Notre liberté ne nous a pas été donnée, mais combattue et priée par nos ancêtres plus d'une fois! Aujourd'hui, comme autrefois, notre existence en tant que peuple libre dépend du fait que nous nous battions pour cela chaque jour. Restez inébranlable et soyez un gardien de la patrie pour que nous puissions remettre une Suisse libre telle que nous la connaissions à la génération suivante. Nous n'avons qu'une seule patrie!

samedi 2 septembre 2017

«Des mots volontairement opaques»


Saïda Keller-Messahli qui fait l'objet de graves menaces de la part des milieux intégristes 
n’ignore rien des coulisses des mosquées en Suisse. 



Le prédicateur biennois contre-attaque. «Typique de la propagande islamiste», selon une experte

Abu Ramadan, le prédicateur libyen établi à Bienne, tient «intentionnellement des discours opaques pour faire passer des messages politiques sans être inquiété par la loi»: c’est la conviction de l’experte en islam Saïda Keller-Messahli. Son livre sur les coulisses des mosquées en Suisse, en Autriche et en Allemagne montre les réseaux salafistes à l’œuvre dans des lieux de prières qui ne sont que très rarement spirituels. Rencontre.

Dans une interview au Tages-Anzeiger, qui a révélé la semaine dernière les appels haineux du prédicateur biennois, ce dernier déclarait hier avoir été mal traduit. Vous qui parlez l’arabe, que pouvez-vous nous dire de ses propos?

Saïda Keller-Messahli: La première traduction est tout à fait correcte. Abu Ramadan appelle à la destruction des juifs, des chiites et des hindous, entre autres. C’est typique des discours islamistes: ils utilisent des codes pour faire passer leurs messages politiques, tiennent intentionnellement des discours opaques pour ne pas tomber sous le coup de la loi. Mais leurs publics les comprennent très bien.

Vous attendiez-vous à cette contre-attaque?

Oui, j’étais sûre qu’elle viendrait. Confronté à ses propres mots, il attaque le traducteur et tente de retourner contre lui la critique de propager la haine. C’est un comble! Ses autres explications sonnent terriblement faux: ne jamais avoir appris la langue locale parce que l’enseignant changeait souvent, ne pas avoir trouvé de travail parce qu’on ne veut pas de lui, dire être intégré parce qu’il connaît ses voisins: ce n’est pas ça, l’intégration! Mais ce prédicateur fait partie de toute une cohorte de gens qui viennent en Suisse, y apprécient la liberté et la dignité dont on peut y jouir, mais qui ne veulent pas s’intégrer, tout en percevant l’aide sociale. Il n’est de loin pas seul dans ce cas.

Le Conseil central islamique suisse a pris sa défense...

Evidemment! Nicolas Blancho, qui se prétend chef des musulmans de Suisse quand il intervient sur des chaînes télévisées du Qatar pour dire que les musulmans sont discriminés chez nous, a pour ainsi dire grandi dans la mosquée d’Abu Ramadan. Avec les Frères musulmans, dont l’avocat du prédicateur est membre, tous partagent la même idéologie.

A propos de l’organisation de Nicolas Blancho, je me réjouirais que quelqu’un dépose une plainte pour concurrence déloyale. Car l’appellation de «conseil central», interprétée comme quelque chose de très important dans les pays du Golfe, est tout à fait mensongère.

Selon vous, très peu de mosquées ont une mission purement spirituelle. Quelles sont-elles?

Cela me semble être le cas des mosquées autour de l’imam bernois Mustafa Memeti, un modéré. Mais, au printemps dernier, il a signé un accord avec l’Union des imams albanais de Suisse (UAIS), dont les quelque 40 mosquées diffusent des messages salafistes. Personne ne comprend le but de cet accord.

Les responsables d’une mosquée à Gebenstorf (AG) ont renvoyé un imam jugé trop radical. N’est-ce pas un signe positif?

Ce lieu de prières fait partie du réseau de l’UAIS. On nous fait croire que, après huit années de prédication, les autres membres de la communauté auraient soudain été choqués? Je n’en crois rien. La raison du conflit est plus prosaïque: il y a eu une lutte de pouvoir entre deux imams.

La commune avait refusé la construction de la mosquée, mais elle a été rappelée à l’ordre par un tribunal administratif...

Il est vrai que, parfois, ce sont les tribunaux qui manquent de courage. Dans d’autres cas, les municipalités ignorent les problèmes. J’espère que le projet de révision de loi qui permettrait d’étendre les possibilités d’expulsion au titre de prévention du terrorisme va aboutir. Malheureusement, nombre de politiciens ne sont pas informés sur les dangers.

On vous reproche parfois une certaine proximité avec l’extrême droite... Que répondez-vous?

L’appartenance partisane des gens m’est complètement égale. Parfois, c’est l’UDC qui met le doigt sur les vrais problèmes, parfois c’est la gauche, comme le montre l’exemple du magistrat cantonal zurichois Mario Fehr, socialiste, qui interdit les stands de distribution de corans Lies!. Je critique parce que je connais les choses de l’intérieur, et parce que je souhaite voir des mosquées qui ne me font pas honte. Je ne critique pas par ressentiment.


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Saïda Keller-Messahli, 
Islamische Drehscheibe Schweiz 
(La Suisse, plaque tournante islamique)
en allemand, NZZ Libro


ARIANE GIGON