Bravo Chef !
Il en faut du courage pour prendre
une telle décision
Sébastien Bras et sa brigade
Le célèbre guide Michelin a annoncé avoir retiré de sa prochaine édition un restaurant trois étoiles, récompense suprême en matière de gastronomie, à la demande de son chef Sébastien Bras qui voulait relâcher la «pression».
L'édition 2018 du guide, qui sera dévoilée lundi prochain, ne mentionnera donc pas le restaurant Le Suquet à Laguiole (sud de la France), a affirmé mardi le guide à l'AFP.
«Il nous paraissait difficile de faire figurer dans le guide un restaurant qui a clairement indiqué qu'il ne souhaitait pas y figurer», a expliqué Claire Dorland-Clauzel, membre du comité exécutif du groupe Michelin, pour qui ce cas de figure est «une première».
Sébastien Bras «a indiqué que c'était une décision familiale, mûrement réfléchie. Il dit lui-même qu'il entre dans une nouvelle étape de sa vie. Nous respectons une décision familiale», a-t-elle poursuivi.
Sébastien Bras, 46 ans, à la tête depuis 10 ans de ce restaurant familial triplement étoilé depuis 1999, avait exprimé son souhait de ne plus figurer dans le Michelin, en invoquant la «grande pression» liée à cette distinction.
Sébastien Bras avait repris il y a dix ans l'établissement de son père Michel, déjà triplement étoilé.
(photo: AFP/Jose Torres)
«Une reconnaissance, un honneur»
«C'est la première fois que nous avons une demande publique de cette sorte. Il y a eu des fermetures de restaurant, des chefs qui ont décidé de faire autre chose, de changer de concept», a expliqué Claire Dorland-Clauzel.
Elle a cité le cas d'Alain Senderens, qui en 2005 au Lucas Carton à Paris, avait renoncé aux trois étoiles, souhaitant «troquer le bar contre la sardine» et un «service moins ampoulé», mais était resté dans le guide avec une étoile de moins. Ou encore celui d'Olivier Roellinger qui en 2008 avait fermé son restaurant trois étoiles à Cancale (Ille-et-Vilaine), affirmant ne plus avoir la condition physique nécessaire et vouloir partager sa cuisine «autrement».
«Il y a bien plus de gens qui veulent rentrer dans le guide que l'inverse», a néanmoins assuré Mme Dorland-Clauzel.
«Beaucoup de chefs se sont exprimés pour dire que figurer au guide Michelin, c'est une reconnaissance, un honneur, un boost énorme pour l'établissement, en notoriété, en chiffre d'affaires».
Quant à la «pression» évoquée par Sébastien Bras, Claire Dorland-Clauzel a estimé qu'il s'agissait d'un sentiment «très personnel»: «pour certains chefs c'est au contraire une motivation». «La pression est vraiment liée à l'excellence. C'est vrai que c'est un métier difficile. Tous les jours, midi et soir, les clients se font juges de l'assiette» (en ayant presque aucune connaissance culinaire).
Egger Ph.