La Suisse comptera 25% de retraités en plus au cours des dix prochaines années, et même 50% d’ici 30 ans. Un contexte qui fait émerger de nouvelles offres d’accompagnement, à l’image de la société Soixante-cinq, récemment installée à Bulle.
Définir ses besoins futurs
"Il faut commencer à planifier sa retraite vers 50 ans, pour se donner 15 ans de marge", explique Benjamin Blanc, co-directeur de Soixante-cinq. Selon lui, le plus difficile est de définir clairement ses besoins, une fois ce cap franchi. Pour John-Alexandre Mossu, également co-directeur de la société bulloise, le passage à la retraite n'est toutefois pas forcément synonyme d'appauvrissement. "Alors oui, c'est une baisse de revenus. Mais si on connaît bien ses dépenses actuelles et futures, on peut s’y adapter."
Fixer des objectifs précis
Constantino Serafini, responsable du programme Avantage chez Pro Senectute, rappelle qu’au-delà de la planification financière, il faut aussi avoir des projets. "Il ne s'agit pas seulement d'activités comme courir", souligne-t-il. "Il faut se fixer des buts précis par exemple courir le marathon de New York " (ou des courses moins ambitieuses évidemment!)
AvantAge propose d'ailleurs des séminaires et des formations pour les salariés seniors et leurs employeurs. Il s'agit soit de préparer le passage à la retraite de manière sereine sur tous les plans, soit d'aider à maintenir l'employé à son poste dans des conditions optimales même au-delà de l'âge de la retraite. Des entreprises souhaitent en effet garder leurs seniors plus longtemps, une tendance en hausse avec l’évolution démographique et la difficulté à recruter dans certains secteurs.
Sans projet, on peut vite se sentir inutile
René Thomet, président de la Fédération fribourgeoise des retraités et conseiller général à Villars-sur-Glâne, a pris sa retraite il y a deux ans, après une vie professionnelle bien remplie. "J'ai travaillé jusqu'à la dernière minute de la dernière journée" rigole-t-il. Lui qui comptait se laisser du temps, sans objectif précis, a plongé presque immédiatement dans une nouvelle aventure: participer en tant que bénévole aux Jeux Olympiques de Paris. Une expérience incroyable, qui a un peu retardé "l'effet retraite".
Depuis, René Thomet cherche encore à trouver son équilibre. Il souligne l’importance de rester actif : "On entre dans un rythme de vie complètement différent. Rapidement, le temps file. Sans projet, on peut vite se sentir inutile. Et puis, le farniente tout le temps, on n'est pas fait pour ça !". Il insiste aussi sur l'importance de garder le contact avec les jeunes générations. Pas question pour lui de faire ses courses en semaine pendant heures de bureau, mais plutôt le samedi matin en même temps que les actifs et les familles. "J'aime entendre les conversations des jeunes, leurs préoccupations. Et puis je suis en forme, je n'ai pas peur de me faire bousculer!"
Sarah Camporini