A la faveur essentiellement d'une conjoncture dynamique à l'étranger, le Secrétariat d'Etat à l'économie (SECO) révise en légère hausse son attente de croissance économique pour 2018, celle-ci passant de 2,3 à 2,4%. Elle devrait ralentir à 2% l'an prochain.
Jamais depuis l'abandon en janvier 2015 par la Banque nationale suisse (BNS) du taux plancher liant franc et euro la situation conjoncturelle en Suisse ne s'était présentée sous un jour meilleur, expliquent mardi les services du conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann. Tout au long du 2e trimestre 2017, la reprise a gagné en dynamisme, prenant de l'ampleur.
Progression du PIB
Pour mémoire, le produit intérieur brut (PIB) de la Suisse a progressé l'an dernier de 1%, après un début d'année bien timide. Outre l'industrie, les activités de services orientées sur le marché intérieur ont fourni des impulsions favorables. Solide du point de vue des dépenses, l'évolution s'accompagne aussi de signaux positifs sur le marché du travail.
La conjoncture mondiale florissante stimule la demande internationale de produits suisses, soutenant le commerce extérieur. Les exportations devraient ainsi afficher une robuste expansion ces prochains trimestres. D'autant plus si le franc ne subit pas de pression à la hausse, observent les experts de la Confédération.
Accélération des exportations
Alors qu'en décembre dernier les prévisionnistes consultés par le SECO anticipaient une progression des exportations de 4,5% cette année, ils tablent désormais sur une accélération à 4,8%. Les importations devraient quant à elles s'étoffer de 3,9% une valeur inchangée par rapport aux dernières prévisions.
L'évolution dynamique du commerce extérieur devrait notamment bénéficier aux secteurs particulièrement sensibles aux soubresauts de la conjoncture et des taux de change, comme ceux des machines, des métaux ou du tourisme. Première branche exportatrice, la chimie et la pharmacie devrait elle aussi apporter une bonne contribution.
Les impulsions de l'économie mondiale stimuleront aussi de manière indirecte la demande intérieure. Alors que les carnets de commandes des entreprises industrielles sont bien remplis, l'exploitation des capacités a atteint son niveau le plus élevé de ces dernières années. Tout cela dans un contexte de conditions de financement demeurant avantageuses.
La dynamique positive observée pour les investissements en biens d'équipement devrait ainsi se poursuivre cette année, les enquêtes effectuées auprès des entreprises laissant apparaître une activité soutenue en la matière. En revanche, la modération restera de mise du côté de la consommation privée. Le phénomène reflète la relative stagnation des salaires réels, quand bien même une nouvelle embellie se dessine sur le front de l'emploi.
Ralentissement dans la construction
La croissance de la consommation devrait cependant quelque peu gagner en intensité en deuxième partie d'année. Quant aux dépenses de construction, elles devraient se consolider à un haut niveau, même si un ralentissement de l'activité est attendu, du fait d'un plus grand nombre de logements vacants et d'entrées de commandes plus modestes.
Le marché du travail tirera aussi profit de l'évolution favorable de la conjoncture. Alors que le chômage s'affiche en constante diminution depuis l'été 2016, l'emploi a considérablement augmenté durant le 2e semestre 2017. Le taux de chômage devrait se contracter cette année à 2,9%, puis à 2,8% l'an prochain.
La modération devrait aussi rester de mise en matière d'inflation, même si le renchérissement, sous l'effet de l'augmentation des prix du pétrole et des produits importés, devrait s'inscrire à 0,6% en 2018. Il y a trois mois, les experts du SECO tablaient sur une hausse de 0,3%. En 2019, celle-ci devrait se fixer à 0,7%.
A court terme, les opportunités et les risques pour l'économie mondiale sont équilibrés, poursuit le SECO. Et la reprise globale pourrait même se prolonger plus longtemps que prévu, alors que le franc pourrait poursuivre son mouvement de dépréciation dans ce contexte.
Normalisation monétaire
Du côté des risques, le SECO mentionne les mesures protectionnistes récemment annoncées par l'administration du président américain Donald Trump. Mais les droits de douane supplémentaires prévus ne devraient guère affecter l'économie suisse. Une escalade débouchant sur une guerre commerciale entre les grandes zones économiques pourrait venir noircir le tableau.
Sur les marchés financiers, la situation s'est certes quelque peu stabilisée ces dernières semaines. Mais de nouvelles turbulences déclenchées par une normalisation plus rapide qu'anticipée de la politique monétaire de la Réserve fédérale américaine ne peuvent être exclues. Dans ce contexte, le franc pourrait subir une nouvelle pression à la hausse.
ATS