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mercredi 28 mars 2018

Les conditions d’élevage des cochons pour le jambon de Parme sont catastrophiques


Le jambon de parme est un produit prestigieux, emblématique de la gastronomie italienne et de la région de Parme. Mais derrière cette image lissée, se cachent les affreuses conditions d’élevage des porcs


Dans la région de Lombardie dans le nord l’Italie, les porcs élevés pour la production de jambon de Parme, produit emblématique de la région, vivent des conditions misérables. Un scandale qui a été révélé en vidéo par l’association, Eurogroups for animals – une organisation qui tente de faire évoluer les normes d’élevage prévues par l’Union européenne – et largement partagé par les associations de protection des animaux L214, Welfare, Gaia et la Fondation Brigitte Bardot.

La vidéo montre les images insoutenables de six élevages intensifs (entre 3 000 et 10 000 porcs) de la région fournissant les AOP Jambon de Parme, Toscane et San Daniel. Les bêtes montrées sont malades, blessées et sont maintenues dans des conditions d’hygiène déplorables, cannibalisées par les autres porcs lorsqu’ils sont trop faibles et blessées pour se défendre. Enfermés dans des stalles individuelles qui ne leur permettent pas de bouger, les cochons développent des problèmes psychologiques et se blessent régulièrement aux pattes.

L’Union européenne interdit ce type d’élevage en 2013, au profit de l’élevage en groupe et en enclos. Malheureusement, beaucoup d’élevages ne l’appliquent pas réellement.

On voit également des cochons dont la queue a été coupée, ablation qui sert à réduire l’agressivité des animaux dans les élevages de groupe, mais dont la pratique est interdite par l’Union européene depuis vingt ans.



Pourtant, reconnu comme Produit à Appellation d’origine Protégée, le jambon de parme bénéficie d’aides européennes à hauteur de 7,36 millions d’euros pour trois de ses programmes de promotion. La ville de Parme, berceau de la production du fameux jambon, a été désignée comme la meilleure ville d’Italie concernant la production alimentaire par la fondation Qualivita.

Les produits bénéficiant de la mention AOP sont tenus de respecter un cahier des charges précis et de se soumettre à un système sévère de contrôle adopté par un institut agréé par le ministère des politiques agricoles, alimentaires et forestières. Malheureusement, le bien-être animal ne semble pas figurer dans les termes du cahier des charges de l’AOP et on semble bien loin du pur produit du temps et de la nature revendiqué par jambon de Parme. 

L’association Gaia demande désormais aux consommateurs de boycotter le jambon de parme dans les supermarchés pour faire cesser ces affreux élevages. Certains supermarchés, comme les chaînes belges Colruyt et Delhaize, ont déjà répondu à la polémique en assurant qu’ils avaient appelé leurs producteurs pour en savoir plus et leur demander s’ils étaient concernés par ces images. Dans ce cas, ils cesseraient la commercialisation de ce jambon.

L’organisation Eurogroups for animals a par ailleurs lancé une pétition pour faire appliquer les réglementations de l’Union européenne dans les élevages de porcs, end pig pain. La pétition vise notamment à interdire la castration à vif des porcelets, les dents rognés, l’ablation de la queue et l’enfermement dans des stalles qui ne répondent pas aux normes européennes.

D’après le consortium du jambon de Parme qui représente les principaux acteurs de la filiale, l’association Gaia n’essaie pas de défendre le bien-être animal mais veut simplement s’en prendre à la marque, en diffusant régulièrement des vidéos choquantes pour faire fermer leurs élevages. Ironique.

« Cette nouvelle enquête dévoile encore une fois les conditions atroces endurées par les animaux élevés pour leur chair. Que ce soit pour du jambon de Parme, des lardons ou des côtes de porc, les cochons souffrent lorsqu’ils sont confinés dans de petits espaces obscurs et insalubres, sont mutilés, maltraités et ne reçoivent pas de soins vétérinaires adéquats.

Après cette courte vie de douleur et de détresse – et s’ils survivent à cet environnement sordide – ils finissent à l’abattoir où ils sont suspendus la tête en bas et sont violemment égorgés. Ces êtres intelligents et sensibles méritent bien mieux », a par ailleurs déclaré l’association PETA.


Léa Philippe