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samedi 23 mars 2019

«L’oracle des loups» met la Basse-Ville à l’honneur



Fribourg, décor rêvé de polar


Il en va des romans policiers comme des locations de vacances: il faut s’y sentir bien tout de suite pour avoir envie d’y rester. Pour son premier polar, L’oracle des loups, Olivier Beetschen a la manière pour que le lecteur se sente accueilli. Auteur de recueils de poèmes et de deux romans habités par les légendes celtiques ou valaisannes (La dame rousse a connu un succès public), Olivier Beetschen avance ici d’emblée deux pièces maîtresses, le personnage principal et le décor du livre, soit le policier René Šulić et la vieille ville de Fribourg.

«René Šulić mesurait deux mètres. Cependant son gabarit était si large qu’on ne remarquait pas sa hauteur […]. Quand il tendit le bras pour prendre la consommation, sa manche découvrit un poignet qui avait l’épaisseur d’une bûche.» Installé au bistro du Belvédère, il lit les Poésies choisies de François Villon, «à la première lecture, il avait su que cet opuscule allait devenir un compagnon de vie». Baraqué comme une armoire et lecteur assidu de poésie, voilà qui campe un policier de roman.

Comme un canyon

Et Villon fait la passerelle avec le décor qui s’ouvre depuis le café: «L’œil surplombait la Basse-Ville, son écheveau de ruelles pavées, de toits à pignon, de façades gothiques, de fontaines sculptées, de ponts en bois…» Depuis ce balcon, Šulić «plongeait son regard dans les nappes de brume que le vent charriait le long de la Sarine. La rivière coulait tout en bas comme au fond d’un canyon.»

Encore faut-il, après ce début, déployer l’intrigue. Olivier Beetschen tresse ensemble plusieurs univers. Celui des légendes historiques qui a fait le succès de La dame rousse: ici, l’épopée de deux frères combattant à la bataille de Morat en 1476. Celui de la poésie, avec Villon, autre terrain qu’il sillonne assidûment. Et celui du trafic de drogue, qu’il a étudié pour l’occasion. A la fin du livre, l’auteur remercie notamment l’inspecteur de police de la Sûreté de Fribourg qui lui a servi de guide. L’immersion a payé, les scènes à la police de Sûreté et les techniques déployées pour agir sur les dealers sonnent juste.

Brouillard épais

C’est le personnage d’Edwige, chercheuse universitaire, qui plonge Šulić dans «l’épopée des Griffons rouges», du nom de guerriers de la Basse-Ville de Fribourg à la bataille de Morat. Ces scènes-là culminent dans un dialogue entre les morts et les vivants nimbé d’un halo de silence. Autant d’atmosphères qui se déploient autour du crime, il y en a bien un, qui se produit à la page 50. S’il est un moteur de l’intrigue, il n’en est pas le seul. La résolution de l’énigme à la fin devient presque anecdotique. Le brouillard qui s’élève de la Sarine reste, lui, bien épais, tout comme la part de mystère qu’emportent avec eux les Griffons rouges.


Roman policier
Olivier Beetschen
«L'oracle des loups»
295 p.

Lisbeth Koutchoumoff