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mardi 22 octobre 2019

Des placements à perte avec l'argent des assurés


Les primes des caisses maladie continuent de croître en Suisse alors que les excédents générés et déposés à la banque coûtent cher aux assureurs


A l'approche du délai pour choisir une nouvelle assurance maladie, fin novembre, la question des primes fait l'objet de toutes les attentions. En 2020, une fois de plus, la prime moyenne va s'accroître pour atteindre les 315,4 francs.

La facture n'a cessé d'augmenter depuis l'introduction de l'assurance obligatoire en 1996, avec une moyenne de 3,8% par an qui est le résultat d’un système de santé suisse fondé uniquement sur des projections. Des estimations où la différence en fin d’année entre les primes d'assurance et les coûts des assurés permet de constituer des réserves: une « sécurité » pour toutes les assurances qui dépasse aujourd'hui les 9 milliards de francs alors qu’elle frôlait déjà les 7 milliards en 2017.

Des placements coûteux

Mais que font les caisses maladie de ces réserves, autrement dit de l'argent des assurés «inutilisé» ? La plupart les placent sur des marchés financiers plus ou moins risqués, que ce soit dans des actions ou dans l'immobilier, afin d'obtenir un rendement. Une partie de ces réserves doit également se trouver sur des comptes courants, à la banque, sans montant minimal exigé mais en quantité suffisante pour assurer les clients en cas de besoin.

Cette année, ces liquidités s’élevaient à 3,2 milliards de francs, dont la plupart soumises à des taux négatifs et donc placées à perte. Dernièrement, plusieurs banques ont décidé de répercuter les taux d’intérêt négatifs de la Banque nationale suisse (BNS) sur les clients les plus fortunés (dont les caisses de pension ou maladie). En d’autres termes, les primes maladie sans cesse plus élevées sont finalement rétribuées en partie à la BNS et non à la population.

Une solution de remplacement

Didier Berberat, conseiller aux Etats (NE/PS), estime cette situation inacceptable : «Avec d'autres politiciens, nous avons essayé de changer ce système en proposant d’exonérer le social et la santé, mais la BNS est totalement imperméable et ne veut pas faire de cas particuliers.»

Le conseiller a néanmoins une autre solution à proposer. «Si la BNS ne veut pas faire de différences, il faudrait explorer une piste pour rétrocéder annuellement aux caisses les taux d'intérêt qui leur ont été imposés», conclut-il. Une sorte de remboursement qui ferait économiser tant aux assureurs qu’aux assurés.