Gilles Leuba, un jeune habitant de Sainte-Croix (VD) qui veut se spécialiser dans la fabrication
de savon à base de lait de vache
C'est l'histoire d'un jeune agriculteur de 24 ans qui s'était essayé au savon au lait d’ânesse. «C'était en 2017. Mais j'ai vite changé d'avis car il aurait fallu traire entre quatre et six fois par jour pour avoir de petites quantités de lait. De fil en aiguille, je me suis dit pourquoi pas le lait de vache?» Gilles Leuba-dit-Galland ne regrette pas le virage qu'il a pris avec son savon estampillé «Trèfle d'eau», du nom «de la plus belle plante» qui pousse dans cette réserve naturelle de La Mouille de la Vraconaz, à 2 km à vol d'oiseau de Sainte-Croix (VD), qui lui est si chère. Après près de deux ans de phase expérimentale, le jeune agriculteur des Rochettes (un hameau de Sainte-Croix) a décidé de se consacrer exclusivement à la fabrication artisanale de savon au lait de vache. Et même s'il compte sur le bouche à oreilles, il utilise aussi les réseaux sociaux pour donner écho et visibilité à sa nouvelle passion.
Cadet d'une fratrie de quatre dont il est l'unique garçon, Gilles Leuba-dit-Galland a compris que rien ne serait plus comme avant en 2014, quand son père décède à l'âge de 53 ans. «J'étais en apprentissage à l’École d'agriculture de Cernier (NE). La petite exploitation familiale comptait une cinquantaine de têtes», se souvient-il sobrement.
Agnès (60 ans) suit avec fierté le parcours de son fils. «C'est un garçon respectueux et toujours prêt à donner un coup de main», analyse-t-elle. Dans ce coin du Jura vaudois entre Sainte-Croix et ses hameaux, les savons de Gilles ont la cote. «Je ne me douche plus qu'avec ça. Ma peau est devenue plus douce», encense Daniel Corsini, un jeune paysan.
Entamée en solo, l'aventure se décline en trio
Gilles envisage de mettre sur le marché plusieurs milliers de pièces. Un objectif qui serait irréalisable sans l'aide bénévole de deux amis: Jérémie Schreyer et Adeline Grasset. Carrossier en quête de reconversion professionnelle, Jérémie se dit «heureux de participer à la fabrication artisanale de ce savon naturel et bon pour la peau». Sur la base des «nombreux retours positifs», ce jeune homme de 26 ans croit au début d'une belle aventure avec Gilles. «Nous sommes amis depuis une dizaine d'années. Nous avons la même philosophie. Comme par exemple le fait de traire à la main par respect des vaches», a renchéri cet habitant de L'Auberson. Boulangère-pâtissière de métier, Adeline, 21 ans, est la seule femme du trio. «Quand Gilles s'est lancé, j'ai proposé de l'aider. Je participe à tout le processus, de la pesée des ingrédients à la préparation des mélanges», explique la jeune femme. Dans ces savons, on retrouve du lait, différentes huiles, du beurre de karité et de cacao, de la cire d'abeille...
Gilles et ses deux potes ne veulent pas s'enflammer. Mais, conscients de leur potentiel, ils ont la flamme. «Notre objectif à moyen ou long terme est de pouvoir vivre de ça sans grandir trop vite», assène Gilles. C'est donc petit à petit que «Trèfle d'eau» compte faire son nid.
Pas de géants de la distribution
Gilles Leuba-dit-Galland est d'avis que «les grandes marques du commerce de détail ne sont pas les amies des paysans». Celui qui se dit «favorable à un commerce de proximité avec des produits naturels et locaux», a ainsi décidé de tourner le dos aux grands distributeurs même le jour où son commerce deviendrait florissant. En attendant, en perspective des fêtes de fin d'année, le jeune homme et ses deux amis ont confectionné des paquets-cadeaux de savons de plusieurs variétés dont une édition limitée qui arbore le drapeau suisse.
Un magnifique cadeau pour Noël