Le Vatican n'a toujours pas nommé le nouvel évêque pour le diocèse de Coire. Et, selon le Tages Anzeiger, c'est parce que le nom du grand favori à ce poste, Alain de Raemy, évêque auxiliaire de Fribourg, serait apparu dans le cadre d'une affaire de harcèlement sexuel présumé.
Dans un article intitulé "Graves accusations contre la direction du diocèse de Fribourg", plusieurs titres de Tamedia, dont le Tages-Anzeiger, précisent que cela fait longtemps que des spéculations courent sur la raison pour laquelle le Vatican retarde la nomination d'un évêque à Coire, dont le siège est vacant depuis mai dernier.
Le quotidien alémanique pense avoir la réponse: le nom du grand favori à ce poste, l'évêque auxiliaire de Fribourg Alain de Raemy, serait apparu dans le cadre d'une affaire de harcèlement sexuel présumée qui touche le diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg.
Un rapport de quatorze pages
Tout part d'un rapport de quatorze pages écrit par un curé romand que le Tages Anzeiger appelle Malik Alieu – c'est un nom d'emprunt. Diacre et prêtre, l'homme d'origine africaine l'envoie fin octobre à toute l'Eglise catholique, jusqu'au Vatican: toute la hiérarchie est mise au courant.
Les faits se seraient déroulés entre 2008 et 2011: alors séminariste, Malik Alieu décrit se sentir sous la pression du curé Paul Frochaux dans la paroisse de Vevey, nimbée d'un "climat homoérotique".
Le séminariste assure aussi avoir été le témoin de diverses relations entre Paul Frochaux et des personnes en situation de dépendances: des séminaristes et un jeune toxicomane ayant vécu durant des mois au presbytère. Selon le rapport, le curé reçoit aussi de nombreuses visites: parmi celles-ci, Alain de Raemy, l'évêque auxiliaire, alors aumônier des gardes suisses au Vatican.
Dénégations et confiance maintenue
Ces faits sont antérieurs à la nomination de Paul Frochaux à la cathédrale de Fribourg en 2012 et de celle d’Alain de Raemy comme évêque auxiliaire du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg en 2014.
Paul Frochaux nie toutes les allégations. Quant à monseigneur Charles Morerod, évêque de Fribourg, Genève et Lausanne, il affirme n’avoir aucune raison de ne pas faire confiance à Alain de Raemy. Il a confirmé à la RTS aussi avoir confié à un avocat genevois non catholique une enquête préliminaire interne. Après avoir été alertée par Monseigneur Morerod, la police a par ailleurs auditionné l'évêque tout comme le curé dénonciateur.
Stéphanie Jaquet
Alain Arnaud