«Comment ça va, chef? Ça faisait longtemps, hein?» plaisante l’individu face au contrôleur. Ce Rom voyage sans titre de transport, tout comme ses deux acolytes allongés sur plusieurs places assises alors que la rame du train matinal entre Genève et Zurich est bien remplie. L’employé imprime trois billets surtaxés et les leur tend sans recevoir le moindre paiement en retour, puis il continue sa ronde auprès des autres passagers, tous en règle. Connaît-il bien ces resquilleurs pour se faire tutoyer ainsi? «À force de les croiser à bord plusieurs fois par semaine et de les contrôler sans titre, ça crée un lien», répond-il. Des situations maintes fois observées par des lecteurs agacés de «20 minutes».
Nous avons demandé aux CFF quelles étaient les statistiques en matière de resquille de passagers étrangers non domiciliés officiellement en Suisse. Le porte-parole Jean-Philippe Schmidt dit ne pas en avoir à disposition. Qu’en est-il du nombre d’amendes ou du montant du manque à gagner que cela représente pour les CFF chaque année? «Nous ne publions pas de chiffres sur ces amendes et leur encaissement», indique-t-il, tout en assurant «lutter contre la resquille sans distinction», grâce notamment à la loi fédérale sur les transports.
La loi prévoit de faire sortir un resquilleur, mais ce n’est pas appliqué par les CFF
Elle indique pourtant à l’article 20 que, sans paiement immédiat ni garantie fournie au contrôleur, le resquilleur peut être exclu du train. Une directive qui ne semble pas ou plus appliquée dans les faits…
Frédéric Nejad Toulami