Dans une courte vidéo publiée le 30 septembre, le conseiller fédéral Alain Berset en charge de la Santé a décidé de s’exprimer sur sa page personnelle Facebook afin d’appeler les gens à respecter les mesures de protection contre la propagation du coronavirus. Depuis, les 1, 2, 5, 6, 9 et 10 octobre, il a régulièrement posté des recommandations. Des centaines et des centaines de commentaires ont été publiés à chaque fois et le moins qu’on puisse dire est que le message peine à passer.
Si quelques personnes apportent leur soutien au ministre, ce sont majoritairement des mécontents qui s’expriment et parfois d’une manière virulente contre lui. «Usurpateur», «menteur», «incompétent», «criminel», le ton de certains posts laisse à désirer. À la fin de la semaine dernière, la situation s’est subitement dégradée sur le front du coronavirus. Dans son dernier poste du 10 octobre, Alain Berset déclarait: «En mars et en avril, nous avons fortement limité nos activités. Nous ne voulons pas réduire à néant les progrès accomplis ni gâcher la normalité retrouvée. Nous devons faire un nouvel effort». Réplique: «Normalité retrouvée?!?!? Pour être pris au sérieux, il faudrait commencer par arrêter de se foutre de la g***** du monde en sortant des énormités pareilles…» Ou encore «Et pendant ce temps-là en Suède on rigole bien… Vous me faites vomir».
Ce sont-là des échantillons. Depuis le début octobre, pèle-mêle, les accusations pleuvent: «Vos mesures et celles qui risquent fort d’arriver encore vont augmenter la misère, la pauvreté et la mort chez les plus jeunes de notre planète.» «Vous êtes en train de tuer les petites entreprises et restaurateurs…» «Vous êtes en train de vous rendre responsable d’une quantité importantes de suicides par le climat anxiogène que vous générez sans aucune justification scientifique.» «Vous êtes en train de nous mentir chaque jour un peu plus, sans honte, sans vergogne»…
On en passe et des pires. Si le but de l’action d’Alain Berset était de se rendre compte par lui-même qu’il y a un certain nombre de personnes qui sont à cran dans ce pays, la démonstration est faite. Cependant, on peut s’interroger sur la pertinence pour un conseiller fédéral de s’exposer ainsi à l’insulte, à la diffamation et à la haine. On ne doute pas qu’Alain Berset est parti d’une bonne intention en voulant «mouiller la chemise» (comme on dit), en usant de son autorité et de son aura positive.
Mais le résultat est qu’un conseiller fédéral est dénigré en toute impunité. Il y a quelque chose de dérangeant dans ce jeu de massacre qui était, hélas, prévisible.