Nous connaissons désormais les contours de l’accord visant à stabiliser la voie bilatérale avec l’Union européenne. Même si tout n’est pas encore clair, un élément choque d’emblée. Les points litigieux ayant conduit le Conseil fédéral à tirer la prise en mai 2021 demeurent. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, on peine à voir en quoi ce nouvel accord aurait plus de chances que celui qui a avorté en cours de négociations.
Comme par le passé, la libre-circulation reste au cœur du débat. La commission européenne n’a jamais caché que ce point était non-négociable. C’est un fondement de l’Union, le ciment sans lequel l’ensemble éclate. Il est évident que notre partenaire ne saurait s’accommoder de la plus infime restriction à ce sujet.
L’inverse est également vrai. La clause de sauvegarde est essentielle voire vitale pour la Suisse. Nous n’avons pas les moyens de subir plus longtemps la vague migratoire qui submerge notre pays. Les loyers explosent, les moyens de transport ont largement dépassé leurs capacités, les terres cultivables disparaissent sous le ciment, la pression sur les salaires est toujours plus forte.
Une croissance démographique historique
Evidemment, les partisans de l’accord nous expliquent que la libre-circulation est un élément essentiel à notre économie, déterminant pour la croissance. Une éventuelle limitation relèverait du suicide économique. Qu’il nous soit permis d’avoir une autre vision des choses, basée sur des données objectives celle-ci. En 2023, la population suisse a augmenté de 150'000 personnes, l’équivalent de la population lausannoise. Pareille croissance démographique ne s’est plus vue depuis le début des années 60.
En parallèle, la hausse du produit intérieur brut (PIB) à 1,3% a été plus faible que la progression démographique, entraînant une baisse du PIB par habitant. Résultat, la croissance a provoqué un recul du bien-être moyen de la population suisse. La croissance sans fin est-elle vraiment souhaitable si elle s’accompagne d’une baisse de notre niveau de vie? C’est une question à se poser à l’heure où il s’agit de savoir quelle immigration nous voulons.
Bruxelles dirigera la Suisse à la baguette
Revenons maintenant au principe même de la libre-circulation. On le répète, l’Union européenne a fait savoir à plusieurs reprises qu’elle ne tolérera aucun frein aussi léger soit-il. Ainsi, toute restriction que Bruxelles pourrait accepter n’aura pas le moindre effet si tant est qu’elle puisse être mise en œuvre. On nous répond que la Suisse pourrait actionner unilatéralement un dispositif limitant l’afflux en cas de « graves problèmes économiques ou sociaux ».
Céline Amaudruz