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mardi 28 janvier 2025

Pourquoi les hommes ont grandi deux fois plus que les femmes au cours du XXème siècle

 

Antécédents génétiques, socialisation genrée, niveau de développement… Comme toutes les caractéristiques biologiques de l’être humain, la taille des individus est influencée par de nombreux facteurs. D’après les dernières données de l’enquête ObÉpi-Roche, collectées par la Ligue nationale Contre l’Obésité (LCO) en 2020, le « Français moyen » mesure ainsi 1,77 mètre environ, contre 1,64 mètre pour la « Française moyenne ». Un écart similaire à celui observé dans la plupart des autres pays occidentaux mais qui ne date pas d’hier, comme le confirme une récente étude publiée dans la revue scientifique Biology Letters.

Données à l’appui, David Giofrè, David C. Geary et Lewis G. Halsey, les trois auteurs de ce texte ironiquement titré The sexy and formidable male body (« Le corps masculin sexy et redoutable »), démontrent que les hommes ont grandi – et grossi – à un rythme deux fois supérieur à celui des femmes au cours du XXème siècle. Au Royaume-Uni par exemple, entre 1905 et 1958, la taille moyenne des femmes a augmenté de 0,25 centimètre tous les cinq ans, contre 0,69 centimètre pour les hommes.

Un décalage similaire à celui observé à toutes les époques et dans toutes les zones étudiées, d’après leur analyse de quelque 100 000 individus de différentes générations, répartis dans 69 pays et dont les données ont été compilées en 2003 par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Rôle de la « sélection sexuelle »

Pour expliquer cette différence, les chercheurs mettent en avant le rôle de la « sélection sexuelle ». Soit l’idée que les femmes auraient eu tendance, historiquement, « à préférer les hommes plus grands » (et plus musclés), permettant ainsi à ces derniers de transmettre leurs gènes à leurs descendants davantage que « les hommes plus petits ». Inversement, pour les hommes, « la taille n’a pas été si importante [dans leur sélection de leurs partenaires féminines] », explique à CNN Lewis G. Halsey, professeur de physiologie environnementale à l’université de Roehampton, à Londres.

Mais ce n’est que parce qu’il a été conjugué à une autre donnée cruciale, celle du niveau de développement, que ce facteur a pu avoir une influence directe. D’après les chercheurs, une augmentation de 0,2 de l’indice de développement humain (IDH) s’est en effet traduit, au XXème siècle, par une augmentation de la taille d’environ 1,68 centimètre en moyenne pour les femmes… et de 4,03 centimètres pour les hommes (ainsi qu’un gain de poids moyen de 2,70 kilogrammes pour les femmes et 6,48 kilogrammes pour les hommes).

Pour des raisons qui tiennent essentiellement aux inégalités de genre (éducatives, alimentaires, sportives…), « à mesure que la situation écologique ou économique, ainsi que l’accès aux ressources, s’améliore, les hommes en bénéficient davantage biologiquement que les femmes », détaille, toujours auprès de CNN, Bogusław Pawłowski, directeur du département de biologie humaine de l’université de Wrocław, en Pologne.

L’accès aux infrastructures sportives est un exemple parmi d’autres, les femmes ayant longtemps été tenues éloignées des terrains et donc de leurs bénéfices sur la santé (ce qui faisait dire à la sociologue Anaïs Bohuon dans un récent épisode du podcast Les couilles sur la table que « les femmes ont un siècle de retard dans la mise en mouvement de leur corps dans une logique de performance »).

Or, « la taille étant considérée comme un aspect important sur le marché des partenaires humains », cet écart se répercute ensuite inévitablement – voire s’amplifie – à travers les générations, ajoute Bogusław Pawłowski. De l’autre côté de la Manche, « environ une femme sur quatre née en 1905 était plus grande qu’un homme né la même année, mais ce chiffre est tombé à environ une femme sur huit pour celles nées en 1958 », exemplifie Halsey auprès du Guardian. « Notre étude est l’une des premières à établir un lien entre (…) la sélection sexuelle et les effets de l’environnement sur notre phénotype  », vantent ainsi les trois chercheurs publiés dans Biology Letters.

Vers un « rapetissement » de l’humain ?

Reste à savoir dans quelle mesure ces tendances se prolongeront à l’avenir. De l’impact du réchauffement climatique aux nouvelles habitudes liées au numérique, d’autres causes structurelles pourraient influencer la taille et le poids des êtres humains du futur. Dans son dernier livre, le paléontologue américain Steve Brusatte suggère notamment que, pour affronter la hausse actuelle des températures, hommes comme femmes vont sans doute devoir « rapetisser », à l’image des petits mammifères qui s’adaptent mieux à la chaleur…

Une solution moins contraignante qu’on pourrait le penser puisque, comme le rappelle The Guardian, les personnes plus grandes sont aussi davantage sujettes aux cancers… parce qu’elles possèdent davantage de cellules susceptibles d’accumuler des mutations. Preuve que la taille, ça peut compter – mais pas forcément en bien.

Pablo Maillé

usbeketrica.com