Chu de che / Je suis d'ici / Sono di qui / Ich bin von hier ! Notre liberté ne nous a pas été donnée, mais combattue et priée par nos ancêtres plus d'une fois! Aujourd'hui, comme autrefois, notre existence en tant que peuple libre dépend du fait que nous nous battions pour cela chaque jour. Restez inébranlable et soyez un gardien de la patrie pour que nous puissions remettre une Suisse libre telle que nous la connaissions à la génération suivante. Nous n'avons qu'une seule patrie!

mercredi 1 septembre 2010

La Cardinal mise en bière à Fribourg

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Bénie des dieux à sa création en hommage à un évêque, la mousse qui symbolise le canton quitte la Sarine. 75 emplois perdus

Fribourg s'est réveillé hier avec la gueule de bois et 75 emplois de moins. La faute à Feldschlösschen. Le groupe de Rheinfelden (AG), lui-même satellite de la multinationale danoise Carlsberg, va quitter les bords de la Sarine en juin 2011. Le symbole «Cardinal», boisson et marque phare d'une brasserie fondée en 1788, ne sera plus associé à Fribourg.

Si la surprise est grande pour les autorités, informées lundi soir, elle n'est pas totale chez les 75 ouvriers, dont cinq brasseurs. Ces derniers des «Mohicans» d'un site de 53'000 m2 occupés par 350 personnes du temps béni où le consommateur suisse buvait suisse prévoyaient des changements depuis qu'une grande quantité de bière sans alcool était dorénavant fabriquée à Rheinfelden. Le transfert de cette production en France, chez Kronenbourg, sera compensé par un transfert de Fribourg à Rheinfelden.

Autorités Consternées

Simple, logique, vu de Suisse alémanique. Ici il ne reste qu'à négocier un plan social avec le syndicat Unia: il prévoit des mises à la retraite dès l'âge de 58 ans (18 personnes concernées) et des propositions sur d'autres sites, en Suisse romande d'abord, à Berne et à Rheinfelden ensuite.

Sur le site, pas grand monde hormis les journalistes. Comme si la population n'y croyait plus depuis longtemps. Seul un futur retraité interrogé par «Le Matin» montre sa satisfaction: après 35 ans de maison, c'est aux Philippines qu'il va passer sa retraite, plus vite que prévu. René Fragnière, président de la commission du personnel, n'aura pas cette chance. Résigné, il ne croit pas que la réaction sera aussi vive qu'en octobre 1996, quand Feldschlösschen, qui voulait déjà fermer le site, a fait machine arrière tant la pression populaire (pétition, boycott, manifestation monstre) avait été forte.

L'un des animateurs du front du refus de l'époque était l'ex-syndic Dominique de Buman, conseiller national. Il n'a dès lors cessé de conserver des contacts avec le brasseur. Il a aussi compris qu'une menace planait. Les explications de Feldschlösschen lui ont paru claires. «Il ne devrait pas y avoir de licenciements», croit-il savoir.

Plus remontés sont le syndicat Unia et les autorités, tant communales que cantonales. «Nous sommes consternés. Nous ne comprenons pas cette logique industrielle. Nous allons tenter de faire fléchir la direction», commente la déléguée économique au nom de la Municipalité de Fribourg. La ville espère, comme promis par le vendeur, avoir la priorité, et peut-être un prix compréhensif, dans l'achat des terrains de Cardinal.

Bien vêtus au milieu des cols-bleus, les représentants du brasseur rappellent que ce sont les Fribourgeois eux-mêmes qui ont vendu SIBRA, regroupant les brasseries Cardinal et Beauregard. Et que ce sont les bières proposées à bas prix dans les grandes surfaces qui les mettent en difficulté.

Un autre destin pour un site centenaire

Le développement de Fribourg intra-muros repose-t-il sur les décombres de Cardinal, qui occupe ce site depuis 1904? Le départ du brasseur offre des perspectives à la ville. Markus Werner, porte-parole de Feldschlösschen, explique au «Matin» ne pas vouloir conserver ces 53'000 m2:«Nous sommes brasseurs, pas promoteurs.»

C'est d'abord avec Fribourg qu'il discutera, sans cacher qu'une solution satisfaisante pour tous serait bien perçue. Florence Cauhété, déléguée économique, imagine aussi les avantages à être propriétaire d'une telle surface et à gérer son territoire. «Nous avons les outils, notamment financiers, pour cela. Mais c'est encore trop tôt pour en parler.»

Christian Humbert