Réactions contrastées au lendemain de l'annonce de la fermeture de la brasserie fribourgeoise. Alors que les autorités confessent le peu d'espoir qu'elles ont de maintenir le site en activité, la population crie sa fureur. Elle le fait notamment via les nouveaux réseaux sociaux, où le groupe Facebook «Sauvons Cardinal» a déjà réuni près de 15 000 membres. Pour beaucoup, le maintien de la brasserie passe comme en 1996 par une grande manifestation dans la rue. Le comité «Non à la fermeture de Cardinal» s'y active déjà, convaincu qu'on ne peut pas gagner un combat sans livrer bataille.
Résignation des autorités, colère du peuple: le contraste est saisissant. Alors que les autorités communales et cantonales confessent le peu d'espoir qu'elles ont de maintenir la brasserie Cardinal à Fribourg, la population crie sa fureur. Et elle a trouvé un déversoir à celle-ci sur les nouveaux réseaux sociaux. En moins de deux jours le groupe Facebook «Sauvons Cardinal» a déjà réuni près de 15 000 membres.
Les JDC au front
Les centaines de messages qui y sont laissés manifestent du fort attachement que les internautes portent à la bière brassée à Fribourg. «C'est plus qu'une bière, c'est notre sang», lâche ainsi l'un d'entre eux. Et dans beaucoup de messages émergent l'envie d'agir pour le maintien de la brasserie à Fribourg: envois de courriels à Carlsberg et Feldschlösschen, appels au boycott des plus de 200 marques détenues par le brasseur danois et surtout attente d'une grande manifestation dans la rue. C'est l'une des ambitions du comité «Non à la fermeture de Cardinal» à l'origine du groupe Facebook, d'un site internet (www.sauvons-cardinal.ch) et d'une pétition en ligne. Derrière ce groupe, on trouve le noyau dur des Jeunes démocrates-chrétiens (JDC) et leur très remuant président Emmanuel Kilchenmann.Il se défend pourtant de toute récupération partisane: «On a lancé ce groupe dans l'urgence avec l'équipe de l'initiative FriNetz (elle demande des bornes Wi-Fi en libre accès sur les principales places publiques du canton de Fribourg, ndlr) parce qu'on connaît bien Facebook.» Pour preuve, il avance l'intégration au comité du jeune socialiste Simon Bischof. Tout est allé très vite, mardi matin. Moins de deux heures après l'annonce par Feldschlösschen de la fermeture de son site fribourgeois, le groupe était créé. Derrière ce groupe, la résistance s'organise. Ou tout au moins elle s'improvise, faute de soutien officiel. L'apathie des pouvoirs politiques indigne d'ailleurs Emmanuel Kilchenmann: «C'est à pleurer leurs prises de position. Je suis remonté contre nos autorités. Quand on dit «Nous essayerons», on a déjà perdu, comme pour CFF Cargo, le centre de tri postal ou le Tribunal administratif fédéral. On ne peut pas gagner un combat sans livrer bataille». Et de tirer la comparaison entre la mobilisation au Tessin et à Fribourg pour CFF Cargo et la différence des résultats obtenus.Pour lui, la solution passe par une forte mobilisation populaire et donc par une grande manifestation, à l'image de celle qui avait réuni 10 000 personnes dans les rues de Fribourg pour le premier sauvetage de Cardinal en 1996. Un coup qu'il sera difficile de rééditer. Le président des JDC en est conscient, mais il objecte: «Si on doit perdre, au moins que ce soit aux champs d'honneur.» Qui dit manifestation, dit concertation, avec les employés de Cardinal et les syndicats en particulier. Car 15 000 membres sur Facebook, ça ne fait pas encore 15 000 personnes dans la rue. Emmanuel Kilchenmann s'y emploie.
«Ça fait chaud au coeur»
Du côté du personnel, on est sensible aux réactions de soutien de la population. «Ça fait chaud au coeur de voir que les gens sont touchés par la fermeture de la brasserie», explique René Fragnière, président de la commission du personnel. Qui rappelle la détermination des employés à ne pas se laisser faire: «Nous savons que l'impulsion doit venir d'abord de chez nous. La population attend une réaction de notre part.» On en saura plus cet après-midi. Persuadés qu'il existe des alternatives à la fermeture de la brasserie, la commission du personnel et le syndicat Unia présenteront leurs propositions aux médias.
Philippe CASTELLA