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dimanche 23 janvier 2011

Les Causes des Croisades

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La controverse entourant la question des croisades au Moyen Âge en a laissé plus d’un perplexes. Souvent synonyme de boucheries, les croisades ont alimenté les récits de nombreux historiens avides de comprendre les motivations des croisés.

Mais au-delà de la volonté des croisés de délivrer Jérusalem des «impies», les croisades donnaient la possibilité aux rois, aux empereurs et aux papes d’étendre leur territoire et de s’enrichir. En fait, les croisades furent un prétexte à la destruction par de nombreux conflits qui s’étendirent sur presque deux cent ans.

Dans cette courte réflexion, j’aborderai la question des croisades. Ensuite, je ferai un bref résumé des huit croisades, de leur gain et/ou de leur perte. Enfin j’énumérerai certaines conséquences des croisades.

Les causes des croisades

Nombreuses sont les causes des croisades. En voici quelques-unes.

Bien avant le début officiel de la première croisade par Urbain II, déjà au IXe siècle, la défense des chrétiens (menacés par les infidèles) était considérée comme une œuvre salutaire. Le pape Jean VIII avait accordé l’absolution aux guerriers qui mourraient en défendant les chrétiens contre les Sarrasins en Italie. Plus tard, Alexandre II fit de même en Espagne et, vers le IIe siècle, un mouvement «chevaleresque» de défense des chrétiens persécutés prenait place et amorçait le début des croisades et des indulgences.

L’une des causes des croisades serait l’avance des Turcs seldjoukides. En effet, en 1070, Jérusalem est prise par les Turcs. Auparavant, les pèlerins de Jérusalem avaient libre accès à la ville sainte. Mais désormais, ce ne sera plus possible. Les pèlerins, en prenant la fuite, se mirent à rapporter des récits d’oppression et de profanation. Le pape Urbain II reçut même une lettre lui demandant de l’aide (1088).

L’affaiblissement de l’Empire byzantin est une seconde cause des croisades. Le schisme de 1054 n’ayant pas aidé, l’Empire était affaibli.

Une troisième cause fut l’ambition des cités italiennes à développer leur puissance commerciale , ce qui représenta un prétexte à de nombreux conflits.

De plus, Urbain II, après le schisme de 1054, rêvait de «ramener l’Église d’Orient sous l’autorité papale et d’unir, sous la théocratie des papes, une puissante chrétienté avec Rome comme capitale du monde.»

Urbain II parcourut, en 1095, le nord de l’Italie et le sud de la France afin de rallier le plus de gens possibles à sa cause. Son discours très fervent ne pouvait qu’encourager le peuple à la guerre sainte. «Des confins de Jérusalem et de Constantinople sont venues d’attristantes nouvelles : une race maudite, complètement abandonnée de Dieu, a envahi les terres de ces chrétiens. Ils détruisent leurs autels après les avoir souillés de leurs ordures.»

Aussi, l’origine des croisades est également due à l’ambition des papes qui cherchent à étendre leur pouvoir spirituel et temporel. Mais malheureusement, cette ambition se solda par un échec, un schisme entre les deux empires et les églises romaine et orthodoxe.

Les Huit croisades

C’est donc Urbain II qui annonça le début d’une ère nouvelle : les croisades. Il y en aura huit et elles s’étendront de 1095 à 1291.

Première croisade (1096-1099)

La première croisade est caractérisée par la volonté du pape de vouloir délivrer Jérusalem des «impies» et aussi par la volonté de réunification politico-religieuse. C’est au Concile de Clermont qu’Urbain II exhorta les fidèles à se mobiliser. Pour encourager le peuple, le Pape «donnait» des avantages extraordinaires ce qui permis de mobiliser bien des gens. Notons au passage les indulgences plénières accordées à ceux qui mouraient au combat : la «libération» du serf qui pouvait désormais se détacher de ses obligations, les exemptions de taxes aux citoyens, un moratoire dont profitaient les débiteurs, la libération des prisonniers et les peines de mort commuées. Ces avantages amenèrent des milliers de personnes, vagabonds, gens vivant dans la misère, marchands à la recherche de nouveaux produits, chevaliers sans serfs à partir pour délivrer la terre sainte.

C’est donc en plusieurs «bandes» que les croisés partirent pour Jérusalem. On parle même d’une croisade populaire (paysans, familles complètes, etc.) mal orchestrée qui partit avant la date fixée du 15 août 1096. Elle ne donna pas de résultat , ce qui fait dire à Jean Chélini que la croisade populaire sans encadrement ni moyen fut un échec sanglant. Par la suite, trois bandes mieux structurées prirent le départ. Une première cohorte de douze mille hommes, dont huit chevaliers seulement, partit sous la conduite du fameux Pierre l’Ermite et de Gauthier (Concernant l’Ermite, un papier très intéressant a été écrit sur lui dans la revue Historia de février 2001.) Un autre groupe de 5000 hommes partit pour l’Allemagne et un autre sous la conduite du comte Emico de Leinningen. La première croisade fut surtout une entreprise française. Les croisés font finalement tomber la résistance à Jérusalem le 15 juillet 1099. Soixante-dix mille musulmans furent massacrés. Les juifs survivants furent entassés dans une synagogue et brûlés vifs. De Bouillon devient le premier roi de Jérusalem.

La seconde croisade 1147-1149

Elle sera prêchée par saint Bernard après la chute du duché d’Édesse en 1144. Il n’hésite pas à approuver le meurtre d’un infidèle car le meurtrier, le chrétien, sera sûr de sa récompense. Le roi de France, Louis VII, et l’empereur d’Allemagne la dirigent. Elle se solde par une défaite devant Damas. Cette seconde croisade fut donc un échec en ce qui concerne la prise de Jérusalem, mais elle se solda par une paix de 40 ans.

Troisième croisade 1189-1192

Après la chute de Jérusalem, conquise par Saladin, des armées immenses sont rassemblées. Elles sont conduites par Philippe Auguste, Frédéric Barberousse et Richard Cœur de Lion. Les croisés sont défaits par Saladin. Cette croisade avait libéré Saint-Jean-d’Acre, mais avait laissé Jérusalem aux infidèles. Il s’agit encore là d’un échec.

Quatrième croisade 1202-1204

Cette croisade est prêchée par le pape Innocent III avec l’aide d’un simple prêtre, Foulque de Neuilly. Innocent était convaincu qu’il pouvait s’emparer de Jérusalem en prenant comme base l’Égypte. L’armée sera constituée de 4500 chevaliers, 9000 écuyers, 20 000 fantassins. Ajoutons à cette immense troupe des provisions pour neuf mois et 50 galères. Le résultat est qu’ils prendront Constantinople et fonderont, par le fait même, l’Empire latin d’Orient. Les croisés pensaient que la prise de cette ville pourrait leur servir de base pour une expédition contre les Turcs.

Cinquième Croisade 1212-1221

Cette période est particulière puisqu’en 1212, un jeune Allemand du nom de Nicolas sera le précurseur d’une croisade d’enfants au nombre de 30 000. Plus tard, un garçon du nom d’Étienne mobilisa 20 000 enfants. Leur but consiste à délivrer Jérusalem. Ce fut bien sûr un échec. Cette croisade fut caractérisée par une brève expédition conduite par Jean de Brienne, roi de Jérusalem et André II, roi de Hongrie. Elle se solda, elle aussi, par un échec.

Sixième croisade 1228- 1229

Cette croisade est dirigée par Frédéric II, excommunié pour un retard . Il entre en possession du royaume de Jérusalem grâce à sa diplomatie; il séduit Al-Kamil, un empereur excommunié qui réussit là où la chrétienté avait échoué pendant un siècle. Le pape n’approuva pas ce traité et, après le départ de Frédéric, la noblesse chrétienne s’empara de Jérusalem. Plus tard, en 1244, Jérusalem tombera à nouveau aux mains de l’Islam.

Septième croisade 1248-1254

Elle est menée par Louis IX qui deviendra saint-Louis. En 1248, il se mit en route avec ses chevaliers; il entre à Paris sans voir pu s’approcher de Jérusalem.

Huitième croisade 1270

Par un nouvel accès de dévotion (saint Louis était très pieux), il repart en croisade avec ses trois fils. Il débarque à Tunis et, étant déjà affaiblie par la vieillesse, il y meurt de la peste. Avec lui, la guerre sainte se terminera.

CONSÉQUENCES DES CROISADES

À première vue, il semblerait que la grande épopée des croisades se solde par un échec. En effet, l’objectif de prendre Jérusalem fit chou blanc malgré les coûts économiques et les pertes en vies humaines. saint Louis ne pourra donc pas délivrer Jérusalem, terre sainte. Mais malgré cet échec apparent, les conséquences des croisades furent nombreuses.

Conséquences politiques :

La première croisade donna naissance aux États latins d’Orient qui ont vécu deux siècles sur la rive d’Asie. De la troisième croisade, le royaume de Chypre est né. L’Empire latin de Constantinople naîtra de la quatrième croisade.

De plus, les croisades ont influencé la vie politique en Occident. Elles ont renforcé le pouvoir monarchique en envoyant la noblesse guerrière en Orient.

L’Islam fut aussi affaibli par ces nombreuses croisades et succomba plus facilement, plus tard, au flot Mongol.

Conséquences économiques :

Sur le plan économique, les changements sont nombreux. Le soutien apporté dans les croisades aux latins d’Orient a permis d’accroître le commerce méditerranéen. En effet, le transport des pèlerins, le ravitaillement, les secours envoyés d’Occident, ont amené les républiques marchandes à fréquenter ces ports et à y rechercher le fret de retour. Grâce à l’intensification des échanges, de nouvelles techniques bancaires ont vu le jour. L’activité économique s’accentua et, avec elle, tous les bienfaits s’y rapportant : « Il circula plus d’argent, plus d’idées, plus de voyageurs. Les croisades s’achevaient avec le développement de l’industrie et l’expansion du commerce en une révolution économique qui annonça et finança la Renaissance. »

Les Marchands italiens profitèrent beaucoup de ce trafic de commerce, ce qui fait dire à certain que l’importation en Europe de produits d’Orient contribua à porter le commerce à un degré de prospérité inconnu depuis les jours les plus florissants de la Rome impériale. Exemple : Soieries, sucre, épices, poivre, gingembre… Qui plus est, les musulmans d’Espagne exportèrent en Occident des produits tels que du maïs, du riz, des grains de sésame, du caroube, des citrons, etc. On assiste aussi a un engouement de la part des Occidentaux pour les produits de luxe orientaux : le satin, le velours, les parfums, la poudre et aussi les miroirs de verre. L’Europe apprit de l’Orient à raffiner le sucre et à fabriquer du verre «de Venise».
Les croisades eurent des conséquences sur l’architecture en Europe avec l’utilisation des techniques byzantines, ce qui apporta une richesse et un ajout à la culture de l’Occident.

Pour financer leurs expéditions, la plupart des chevaliers durent vendre leurs biens au roi. De plus, des milliers de serfs avaient profité des privilèges accordés aux croisées pour quitter le pays, ce qui fit croître plus ou moins directement la puissance économique de la monarchie française. La royauté s’enrichira donc avec les croisades.

Le démembrement des ordres militaires, (Templiers, Hospitaliers et Teutoniques) contribua à l’enrichissement de la royauté. Les Templiers de France furent arrêtés en 1310 et leurs propriétés furent confisquées par l’État.

Conséquences politico-religieuses

Les croisades ont été pour la papauté le moyen d’étendre son pouvoir et de développer une fiscalité. En effet, les tentatives pontificales et monarchiques pour financer les croisades ont conduit au développement du système de taxation générale directe du Clergé. Ce système sera à l’origine de la fiscalité pontificale du XIVe siècle. Les quêtes faites pour financer les croisades devinrent habituelles et furent bientôt employées à d’autres fins que les Croisades. Le pape acquis, au grand mécontentement des rois, un plus grand pouvoir d’imposer les sujets et ainsi de détourner vers Rome des sommes importantes qui auraient dû revenir au roi.

De plus, la vie chrétienne fut grandement influencée par l’importance du pèlerinage du saint Sépulcre, le rôle des indulgences et le sens du sacrifice (encouragé surtout par saint-Bernard à la suite des échecs de certaines croisades) qui se développa à partir des croisades. Le concept même des indulgences commença à s’élargir. Données au début aux croisées qui mouraient pour le Christ, elles furent bientôt accordées à ceux qui, par exemple, payaient les dépenses d’un croisé.

Un dernier point est celui du développement des missions vers l’Asie. Cette pénétration religieuse au XVe siècle aboutira à la fondation de rites latins dans les contrées les plus éloignées.

Les conséquences « technologiques » ou scientifiques

Les croisades permirent la fabrication de bonnes cartes de la Méditerranée. Les médecins chrétiens apprirent beaucoup des praticiens juifs et musulmans et la chirurgie gagnera beaucoup de ces guerres.

Les croisades auraient rapporté d’Orient les secrets des vitraux des cathédrales gothiques, la boussole, la poudre à canon et l’imprimerie. Les apports pour l’Occident sont donc majeurs.

Autres conséquences

La rencontre de deux cultures aurait permis certains changements dans la vie quotidienne des gens. Par exemple, la tolérance à certaines perversions sexuelles, le rétablissement des bains publics, les latrines privées, le rasage de la barbe par les Européens seraient aussi au nombre des apports des croisades. Les langues européennes s’enrichirent de mots arabes et des contes orientaux se répandirent en Europe.

Pour conclure :

Les croisades ont eu un impact majeur et indéniable tant du côté de l’Occident que du côté de l’Orient. Mentionnons les apports technologiques comme l’imprimerie, la boussole, la poudre à canon, etc. qui contribuèrent d’une façon assez directe à l’arrivée de la Renaissance. Ces apports orientaux étaient nécessaires à la découverte du nouveau monde. Grâce à la boussole, à l’astrolabe, l’Europe fit une découverte qui bouleversa le cour de l’Histoire. (Le nouveau monde)

Les croisades ont joué un rôle très important dans la richesse de l’Église. Une Église riche a plus de pouvoir qu’une Église pauvre. L’influence de l’Église dans le monde passé et présent y est certainement pour quelque chose.

Mais que dire aussi de cette quête constante de Jérusalem? Il semble que l’histoire se répète. Il n’y a qu’à regarder les Israéliens et les Palestiniens qui se déchirent pour la Terre Sainte, la Terre Promise. Les motivations de ces deux peuples ressemblent curieusement à celle des croisés. Croisés des temps modernes me direz-vous? Peut-être. Mais parfois, nous nous demandons si l’humanité a vraiment évoluée?

Marc Gagné