Chu de che / Je suis d'ici / Sono di qui / Ich bin von hier ! Notre liberté ne nous a pas été donnée, mais combattue et priée par nos ancêtres plus d'une fois! Aujourd'hui, comme autrefois, notre existence en tant que peuple libre dépend du fait que nous nous battions pour cela chaque jour. Restez inébranlable et soyez un gardien de la patrie pour que nous puissions remettre une Suisse libre telle que nous la connaissions à la génération suivante. Nous n'avons qu'une seule patrie!

mardi 19 avril 2011

Cinéma et TV 3D, un supplice optique

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Visionner un film en 3D serait-il une aberration? C'est la thèse de Walter Murch, réalisateur d'«Apocalypse Now», pour qui cette gymnastique visuelle n'a rien de naturelle pour le cerveau.

La radio aurait dû nous rendre sourds, la télévision aveugles, les jeux vidéos épileptiques. Plus récemment, les mobiles et les ampoules LED nous irradieraient. Les premières attaques portées à la 3D étaient des reproches plus que des craintes. Elles visaient le port obligatoire et désagréable de lunettes, la faible luminosité, le rétrécissement de l’image, ainsi que le prix des billets de cinéma et des téléviseurs compatibles.

La dernière charge est administrée par Walter Murch, monteur, scénariste et réalisateur américain, «oscarisé» pour «Apocalypse Now». Son grief se prévaut de scientificité. En brisant la synergie naturelle d’accomodation-convergence opérée par nos yeux, la 3D nous infligerait un véritable supplice optique.

Petite explication. Alors que, pour garantir la netteté des images, nos cristallins focalisent sur la surface de l’écran, nos pupilles sont, elles, obligées de suivre des objets situés à des distances très diverses. Un exercice perturbateur et fatigant quand on sait qu’en vision réelle, l’homme accommode et converge sur le même sujet. Il en va de même pour le cinéma 2D, où le spectateur accommode et converge sur l’écran.

Pour Murch, la dissociation entre accommodation et convergence est une prouesse réalisable, sans quoi les films en 3D ne fonctionneraient pas. Mais notre cerveau est conçu pour nous faire prendre conscience d’un monde en 3D, et non pour le reconstruire. «C‘est faire fi de six cents millions d’années d’évolution qui ne nous ont pas préparés à pareille gymnastique. Il s’agit d’un problème de fond, qu’aucune tentative de peaufinage technique ne pourra résoudre», soutient Murch dans une lettre adressée à Robert Ebert, un critique de cinéma très estimé. En 2010, un de ses articles dans Newsweek, Why I Hate 3D (And You Should Too) ouvrit les hostilités contre la 3D assimilée sous sa plume à de la «D-minus».

La problématique est la même sur les petits écrans. Avec des personnages qui jaillissent de l’écran, des impressions de profondeur saisissantes, sans lunettes, la nouvelle console Nintendo 3DS permet l’expérience décoiffante qui consiste à entrer dans la réalité augmentée. «Elle promet un divertissement unique qui saute aux yeux, mais ce qu’elle provoque en réalité c’est la nausée, des yeux endoloris et des maux de têtes qui donnent le vertige», mettait en garde un article, avant même sa sortie.

Le fabricant nippon de 3DS n’est pas resté insensible à cette critique et admet que son nouveau produit pourra affecter les personnes atteintes du mal des transports et même celles n’en ayant jamais souffert. De plus, l’exposition prolongée à la 3D occasionnera une fatigue oculaire chez les joueurs. Nintendo leur conseille de faire des pauses toutes les trente minutes. Quant aux enfants de moins de 7 ans, ils ne devraient pas utiliser la 3D car leur système oculaire n’est pas totalement mature.

La formule «à consommer avec modération» pourrait résumer les recommandations d’utilisation restrictives qui, principe de précaution oblige, prolifèrent du côté des fabricants de consoles et téléviseurs 3D. Mais tant de choses délicieuses nuisent gravement à la santé… Qu’il est agréable de sortir de la projection de «Pina», avec la tête qui tourne! Sans 3D, Wim Wenders l’a affirmé à plusieurs reprises, jamais il n’aurait tourné ce film.

Alors, nocive cette technologie? Il semble avéré que les personnes dont la vision n’est pas identique pour chaque oeil, ainsi que celles qui ont des difficultés d’accommodation oculaire, pourront être victimes de maux de têtes, de vertiges ou de vomissements.

Et les bien lotis, que risquent-ils? Il n’existe pour l’heure aucune preuve scientifique de l’innocuité de cette technologie. Le premier symposium médical portant sur ce sujet controversé vient de se tenir en mars à New York («3D Vision and Health Symposium», State University of New York College of Optometry). Il a permis d’identifier un bénéfice non négligeable de la 3D: la détection précoce de troubles de la vue chez les enfants.

Geneviève Grimm-Gobat