La Namibie abrite environ 1800 rhinocéros noirs sur une population totale de moins de 5000. © Keystone
Le pays a entrepris de couper les cornes de ses rhinocéros noirs pour décourager les braconniers.
La Namibie a lancé une campagne de décornage préventif de ses rhinocéros noirs pour décourager les trafiquants de cornes de les attaquer. L’activité des braconniers «augmente depuis peu» dans ce pays jusque-là relativement à l’abri de ce phénomène, a annoncé hier le Ministère de l’environnement.
Entamée début octobre, l’opération, indolore pour l’animal dont les cornes vont repousser ensuite, doit se poursuivre jusqu’au début 2015. Plus solitaires que leurs congénères blancs, les rhinocéros noirs (Diceros bicornis) se distinguent non pas par la couleur claire, qui est la même, mais par leur mâchoire, plus large chez le rhinocéros blanc qui a aussi un comportement plus sociable.
La Namibie abrite 79 parcs naturels et était indemne de tout braconnage jusqu’en 2010. Depuis, au moins onze rhinocéros ont été abattus par des braconniers, ce qui reste minime par rapport à l’Afrique du Sud voisine où un millier de rhinocéros ont été victimes de braconnage l’an dernier.
Mais le gouvernement a durci le ton, et tout récemment le ministre de l’Environnement Uahekua Herunga a appelé les Namibiens à agir en «soldats contre le braconnage».
Semi-désertique, le pays abrite près de 1800 rhinocéros noirs sur une population mondiale de moins de 5000. Le rhinocéros noir, l’une des sous-espèces de rhinocéros africains, est en «grand danger» d’extinction, selon la liste rouge des espèces menacées.
Les médias prêtent par ailleurs l’intention au Gouvernement namibien de vendre les cornes sur le marché si les autorités internationales de protection de la nature l’autorisent. Les cornes braconnées sont actuellement écoulées au marché noir en Asie où les adeptes de médecine traditionnelle et les nouveaux riches les consomment en cocktail aux prétendues vertus curatives.
2014 sera l'année la plus meurtrière en Afrique du Sud
1.020 rhinocéros ont été abattus par des braconniers depuis le début de l'année en Afrique du Sud. Ce chiffre est en hausse depuis 2007. Devant l'échec de la politique de tolérance zéro, certaines associations cherchent de nouvelles pistes.
Le braconnage de rhinocéros a atteint un nouveau sommet cette année, en Afrique du Sud. Depuis le début de cette année, 1.020 animaux ont déjà été abattus, un chiffre dévoilé jeudi par le ministère sud-africain de l'Environnement.
En 2013, les braconniers avaient abattus 1.004 rhinocéros sur les douze mois de l'année, ce qui était déjà un record. La plupart de ces mammifères, dont le braconnage s'intensifie d'année en année depuis 2007, ont été tués dans le célèbre parc Kruger, frontalier du Mozambique et où 672 carcasses ont été retrouvées par les rangers.
Décorner les rhinocéros ou rendre le commerce légal?
"Le massacre en cours des rhinocéros pour leur corne fait partie d'un trafic mondial de faune sauvage de plusieurs milliards de dollars et répondre à ce fléau n'est pas simple", a souligné le ministère sud-africain, qui dit employer tous les moyens, de la répression à la sensibilisation.
Pour certaines espèces de rhinocéros particulièrement menacées, comme le rhinocéros noir, qui ne sont plus que 5.000 dans le monde, les survivants sont systématiquement décornés.
En Afrique du Sud, certains proposent même de légaliser le commerce de corne de rhinocéros pour sauver les animaux. Le raisonnement: plus les cornes sont rares, plus elles sont recherchées. Les partisans de cette mesure rappellent qu'avant 2007, et l'interdiction du braconnage, seuls 13 cas de braconnages avaient été recensés, selon le site de la RTBF.
De plus, la corne repousse, au rythme d'environ 900 grammes par an, et des éleveurs pourraient créer une offre légale sans tuer de rhinocéros. La proposition ne convainc pas les organisations environnementales.
Des cornes faites de la même matière que les ongles humains
Les cornes récoltées sont actuellement écoulées au marché noir en Asie. Les adeptes de médecine traditionnelle et les nouveaux riches sont friands de cocktails contenant de la poudre de corne, une substance à laquelle ils prêtent des vertus médicinales et aphrodisiaques.
Pourtant, la corne de rhinocéros est composée principalement de kératine, une matière qui est également la base des cheveux et des ongles humains.
Plusieurs évaluations circulent sur le coût au kilogramme de la corne de rhinocéros, qui se situe entre 80.000 euros et 35.000 euros. Pour comparaison, l'or se vend à 31.000 euros le lingot, et la cocaïne à 55.000 euros.
ATS