En dépit de la fin du secret bancaire et de l'échange automatique de renseignements (EAR) destiné à lutter contre la soustraction fiscale, la Suisse conserve sa place de numéro un.
L'échange automatique d'informations ne nuira pas à la place financière suisse,
d'après l'Association des banques étrangères en Suisse.
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Loin de nuire à leur compétitivité, l'entrée en vigueur de ce standard international constitue une chance de croissance, estiment les représentants du secteur bancaire.
Avec un volume de 2110 milliards de francs d'avoirs privés déposés par des clients étrangers à fin 2013, la Suisse est de loin le premier centre offshore de la planète. Sa part de marché dans le «private banking» transfrontalier s'élève à près de 25%, a rappelé mardi Franco Morra, président de l'Association des banques étrangères en Suisse (AFBS), devant les médias à Zurich.
En comparaison, les Caraïbes et Panama totalisent 1070 milliards de francs, le Royaume-Uni 920, Singapour 880 et Hong Kong 420 milliards. C'est dire l'importance stratégique pour la place financière suisse d'un standard unique, de son application efficace basée sur la protection des données et sur la réciprocité, a souligné M. Morra.
Pas de difficultés
«Nous ne prévoyons pas de difficultés de mise en œuvre pour l'échange automatique d'informations (EAR). Nous avons déjà dit que nos membres seront prêts à temps pour transmettre des informations dès le 1er janvier 2018», a déclaré M. Margelisch, directeur de l'Association suisse des banquiers (ASB).
Hormis des détails techniques encore à régler, les consultations achevées en avril sur la mise en œuvre de la norme en Suisse n'ont pas soulevé d'opposition politique. Les messages correspondants du Conseil fédéral sont attendus pour l'été, et les débats aux Chambres dès l'automne. M. Margelisch ne croit pas à un risque de référendum.
Même si le dispositif doit générer des centaines de millions de coûts, l'impact économique sur l'activité bancaire est lui minimisé. «Le processus de consolidation du secteur a des causes multiples: il est simplificateur de dire que l'EAR va encore y contribuer», juge le directeur de l'ASB. Côté clients, il n'a pas observé de panique, mais au contraire, un afflux net d'argent.
Réputation
Les 121 banques étrangères établies en Suisse ne s'attendent pas non plus à un effet particulier, malgré une part de clientèle étrangère supérieure. «La masse sous gestion continue de progresser», signale Franco Morra. «S'il est mis en œuvre efficacement, l'EAR jouera en notre faveur», assure-t-il.
«L'imposition n'est plus un problème. La mentalité de la clientèle a aussi changé», soutient le président de l'AFBS. Selon ce dernier, le client qui place son argent en Suisse cherche la qualité de ses services et prestations, l'excellence dans la performance et la stabilité.
«L'exigence de transparence touche tous les centres financiers, pas seulement la Suisse», renchérit Fabrice Filliez, chargé des questions fiscales multilatérales auprès du Secrétariat d'Etat aux questions financières internationales (SFI). «La transparence renforce la réputation et la crédibilité de la Suisse», a-t-il ajouté, évoquant le spectre d'une «liste noire».
Le Forum mondial veille
Face au risque de voir l'évasion fiscale se déplacer vers des juridictions moins ou non conformes, le Forum mondial a été refondu. Cet organisme veille à ce que ses membres appliquent la norme de transparence et d'échange de renseignements à laquelle ils se sont engagés, a rappelé Grace Perez-Navarro, de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE).
Les autorités suisses pourront suspendre l'échange automatique d'informations en matière fiscale si un pays partenaire venait à ne pas respecter les règles définies, notamment en termes de protection des données, a expliqué Mme Perez-Navarro. Un tel mécanisme sera inclus aux accords bilatéraux entre Etats.
ATS