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mardi 4 août 2015

CECIL, LE LION DONT LA MORT A UN PRIX




Depuis que Cecil le lion du Zimbabwe a été abattu la semaine dernière, la toile se déchaîne et remet en question la chasse au trophée. Analyse d’un phénomène.

#CecilTheLion déferle sur la toile traduisant la rage mêlée de tristesse qui anime des milliers d’internautes mobilisés depuis que Cecil, un lion du parc de Hwange au Zimbabwe, a été abattu par un chasseur. Même l’Empire State Building s’est mis aux couleurs du défunt félin. Célèbre pour sa crinière partiellement noire, il était suivi dans tous ses déplacements depuis 2008 par une équipe de scientifiques de l’université d’Oxford qui menait justement une recherche sur les effets de la chasse sur la population de lions , une espèce qui a malheureusement gagné son ticket pour la voie de disparition.

Les lionceaux de Cecil sont condamnés à brève échéance…


Le chasseur, un américain, qui pensait pouvoir abattre son lion et poser avec sa dépouille avant de le dépecer et le décapiter tranquillement en lâchant plusieurs dizaines de milliers de dollars, autour de 50.000$, n’avait pas songé au risque d’être lui-même pris pour cible par autant d’internautes. Très vite, le chasseur s’est retrouvé pourchassé, identifié et épinglé. Enfin, son sort reste tout de même plus enviable que celui du défunt lion et de ses six lionceaux qui seront exterminés par le nouveau mâle dominant qui le remplacera à la tête de la harde.

En marge de ce raz de marée réprobateur, celui qui l’a achevé a reçu le soutien de quelques chasseurs invétérés qui tirent un immense plaisir à poster des photos d’eux en compagnie des girafes, antilopes ou lions qu’ils ont abattu. Si ils ne sont pas très nombreux à s’afficher publiquement, le nombre de pratiquants de cette chasse dite sportive est assez impressionnant. C’est aux USA et en Espagne que l’on en rencontre le plus. A côté de cela, le chasseur trouve aussi des circonstances atténuantes auprès d’une partie des internautes qui voient en lui « une chance pour l’Afrique ».

En effet, pour jouer de la gâchette et se payer « son lion », « son éléphant » ou même « son babouin », il faut allonger une somme souvent conséquente. Pour tirer sa proie à l’arc à flèches, le tarif sera encore augmenté. Licences, logement et transport compris, on atteint vite 50, 60, voire 100.000$ selon la formule. Une manne providentielle pour de nombreux pays d’Afrique. Alors pour un pays exsangue, rongé par la corruption et mérulé par la malgouvenance comme le Zimbabwe c’est devenu une source inestimable de devises.

En effet, pour jouer de la gâchette et se payer « son lion », « son éléphant » ou même « son babouin », il faut allonger une somme souvent conséquente. Pour tirer sa proie à l’arc à flèches, le tarif sera encore augmenté.

Melissa Bachman poste ses photos de chasse sur Twitter


En effet, pour jouer de la gâchette et se payer « son lion », « son éléphant » ou même « son babouin », il faut allonger une somme souvent conséquente. Pour tirer sa proie à l’arc à flèches, le tarif sera encore augmenté.

Voilà près de 35 ans que Robert Mugabe saccage le Zimbabwe à coup de réformes imbéciles, racistes et liberticides dans l’indifférence générale de la communauté internationale qui évite de le fréquenter de trop près, sauf à se boucher le nez. Présent depuis l’indépendance du pays en 1980, l’inoxydable et sanguinaire vieillard (il a 91 ans!), réélu cinq fois, a transformé un des greniers à blé de l’Afrique en désastre économique. En 2000 l’expropriation des exploitants blancs et la redistribution de leurs terres à des centaines de milliers de ménages qui n’avaient aucune compétence spécifique en matière d’agriculture a provoqué le déclin.

Quinze ans plus tard, le résultat est là : le Zimbabwe détient le record mondial de taux de chômage (95% en 2009!) et le niveau de vie y est le plus bas sur toute la planète avec un PIB de 400$ par habitant, sans compter que l’espérance de vie a diminué de 12 ans entre 1980 et 2000. Dès lors des voix s’élèvent pour justifier les devises en provenance de la chasse. L’argument qui va généralement de pair avec ce raisonnement fustige la trop grande attention portée à la souffrance animale en comparaison de celle endurée par le peuple zimbabwéen.

C’est oublier un peu vite que les hommes sont supposés ne pas être des animaux à part entière et qu’à ce titre ils ont une indéniable part de responsabilité dans l’environnement social et politique qu’ils contribuent à faire émerger. On ne pourra jamais en dire autant d’un lion! En revanche, il existe à travers le monde différents projets où les hommes ont réussi à tirer parti avec dignité et respect de la faune animale qui devraient servir d’exemple.

C’est le cas du Rwanda qui a capitalisé la présence des gorilles des montagnes, du Niger où certaines populations ont transformé leurs relations avec les girafes ou de Madagascar qui tente de créer des synergies entre les populations locales et certaines espèces de lémuriens. Ces pactes win-win que les hommes peuvent passer avec la nature constituent la voie royale pour maintenir la faune et la flore en état, enrichir la population locale grâce à une activité durable et permettre des échanges sains entre des populations locales sensibilisées à leur patrimoine et des touristes pourvoyeurs de devises. On sait ce qu’il reste à faire pour Cecil ne soit pas mort pour rien…