Chu de che / Je suis d'ici / Sono di qui / Ich bin von hier ! Notre liberté ne nous a pas été donnée, mais combattue et priée par nos ancêtres plus d'une fois! Aujourd'hui, comme autrefois, notre existence en tant que peuple libre dépend du fait que nous nous battions pour cela chaque jour. Restez inébranlable et soyez un gardien de la patrie pour que nous puissions remettre une Suisse libre telle que nous la connaissions à la génération suivante. Nous n'avons qu'une seule patrie!

mercredi 28 décembre 2016

Hommage aux Chœurs de l’Armée rouge : soldats et artistes










92 personnes étaient à bord de l’avion qui s’est abîmé dimanche en mer Noire. Parmi elles, soixante-quatre membres de l’Ensemble Alexandrov (plus connu sous le nom de « Chœurs de l’Armée rouge »), soit la quasi-totalité des choristes et le directeur du groupe. Ces derniers allaient en Syrie pour se produire devant leurs camarades engagés dans la lutte contre Daech.

À l’horreur du lourd bilan humain s’ajoute la consternation nationale. L’Ensemble Alexandrov était, en effet, un véritable joyau de la culture russe. « Katioucha », « Les Bateliers de la Volga », « Kalinka »… ces airs du folklore russe aujourd’hui mondialement connus ont été largement popularisés par les chanteurs aux timbres puissants de cet ensemble qui a porté pendant des décennies la voix de l’URSS avec panache, donnant un côté humain et festif à cette Armée rouge si redoutée dans les pays de l’Ouest.

C’est en 1928 que le général et compositeur Alexandre Aleksandrov (1883-1946) crée, avec l’accord de Staline, un ensemble militaire composé de douze soldats doués pour le chant, la danse et la musique, afin d’exalter l’idéal communiste à travers leurs chansons.

Toujours en tournée auprès des troupes en mission, chantant sans relâche des airs patriotes et révolutionnaires, le chœur acquiert une telle notoriété qu’il est sans cesse sollicité pour soutenir le moral des troupes. Plus de 1.500 concerts donnés au front entre 1941 et 1945.

À la mort d’Alexandrov, en 1946, c’est son fils Boris (1905-1994) qui assure, jusqu’en 1987, la direction de la troupe qui perce désormais sur la scène internationale, atteignant un niveau de professionnalisme et de discipline inégalé. « Durant un concert au Canada, Boris Alexandrov a quitté la scène pendant une demi-heure, nous laissant jouer et chanter seuls », se souvient le bassiste Leonid Kharitonov.

La chute de l’URSS n’entame en rien la notoriété mondiale de la troupe qui a su conquérir – en pleine guerre froide – le cœur des plus farouches antisoviétiques. En 2016, l’Ensemble Alexandrov comptait plus de 200 membres (choristes, danseurs, musiciens) et environ 2.000 titres : chants glorifiant la défunte URSS, chansons populaires, airs d’opéra et musique sacrée. C’est en dizaines de millions que l’on compte les ventes de leurs disques et de places lors de leurs tournées mondiales.

La petite troupe originellement composée de douze moujiks quasi amateurs alterne, désormais, tournées à l’étranger et concerts donnés aux soldats en mission. Car ces artistes sont avant tout des militaires et des patriotes, n’hésitant pas à aller au front pour égayer leurs camarades par les chants vibrants de la mère patrie. Afghanistan, Tchétchénie, Yougoslavie, Syrie, sur tous les fronts ont résonné les voix claires et puissantes de ces hérauts du folklore russe, à la fois guerriers et artistes.

C’est encore en soldats qu’ils sont tombés. Car, bien que la thèse de l’incident technique soit privilégiée, c’est pour leurs camarades en mission que ces stentors allaient en Syrie. Soutenir le moral des troupes : une mission que l’Ensemble Alexandrov aura menée jusqu’au bout avec force et fierté.

Nicolas Kirkitadze